Mon Dieu, qui a versé cette grande tasse de noirceur dans mon Ozu ? Tous les plans ont des ombrages portés très marqués ; on fait des allers-retours entre un tripot, un bar miteux, un commissariat, un service des urgences ; tous les personnages ont des traits tirés, écrasés par la vie.
C'est vraiment frappant. L'histoire n'est pas révolutionnaire (une mère qui a fauté pendant que son mari était en Corée n'a pas vu grandir ses deux filles, qui traversent une période difficile ; l'une d'elle doit avorter sans rien en dire à personne ; en découvrant cette mère qu'elle n'a pas connue, cela remue des pensées encore plus négatives chez elle), mais la narration est très subtile et réussie, nous faisant comprendre la portée dramatique des scènes avant même de bien en cerner les enjeux.
Je serais curieux de savoir pourquoi Ozu est allé vers un tel changement de ton. Le revers de la médaille (mais moi cela ne me gêne pas), c'est qu'en allant vers le film social qui explore les bas-fonds, Ozu s'inscrit davantage dans un genre identifiable. Encore une fois, cela ne me pose aucun problème.
Content de savoir que ce film existe. Merci Arte !