Dernière oeuvre en noir et blanc d'Ozu, Crépuscule à Tokyo nous fait suivre le destin de deux sœurs, confrontées à divers malheurs et devant faire face à une révélation qui bouleversera encore plus leurs vies...
Alors au crépuscule de sa carrière, Ozu, qui tourne des films depuis 30 ans et qui n'en fera plus que six par la suite, propose avec Crépuscule à Tokyo une oeuvre d'une rare puissance et dramaturgie, où il revient sur certains thèmes qui lui sont chers, notamment le couple et la famille. Il se révèle ici d'une rare noirceur, mais toujours juste, sachant faire ressortir toute l'émotion, la richesse et la force des enjeux et personnages.
La grande force de l'oeuvre vient de la façon dont il met en scène ces jeunes filles, que ce soit dans leurs descriptions mais surtout dans leurs évolutions. Il y évoque la fragilité, notamment psychologique, mais aussi le mariage, la grossesse ou encore les relations familiales, où il sera question d'une mère qu'elles croyaient morte. L'atmosphère est aussi lourde que pessimiste, et Ozu se montre sans concession, pour mieux faire ressortir le tragique des situations qu'il met en place, bénéficiant d'ailleurs d'une excellente qualité d'écriture, notamment pour les personnages et les dialogues qui sonnent toujours juste.
Si le fond est émotionnellement fort et riche, la forme est là aussi remarquable, Ozu se montre brillant derrière la caméra tandis que les décors sont en osmose avec les personnages. Comme dans d'autres de ses films, Ozu se montre un remarquable directeur d'acteurs, chacun sachant faire ressortir la complexité des émotions, la douleur que cela peut inclure et nous les faire ressentir, ici Setsuko Hara, Ineko Arima et Chishû Ryû sont parfaits.
Dernière oeuvre en noir et blanc d'Ozu, Crépuscule à Tokyo se révèle être d'une grande noirceur et d'une puissance émotionnelle forte, où Ozu aborde brillamment des thèmes qui lui sont précieux et dirige formidablement ses comédiens.