C'est à ça qu'on peut mesurer la puissance et l'universalité d'un roman de pouvoir être transposé à une autre époque dans un autre contexte sans trahir l'idée de l'auteur. Et ici, la transposition de l'imposant roman " Crime et Châtiment" de Dostoïevski dans les années 50 et à Lyon est très réussie.
J'adore le roman de Dostoïevski qui est très riche et infiniment positif avec des héros d'une grande beauté et je prends plaisir ici à voir comment sont interprétés les personnages du roman et à les reconnaître ! Que le roman soit simplifié, rien de plus normal car comment faire entrer plusieurs centaines de pages dans un film qui dure un peu plus d'une heure et demie. Ce qui est essentiel est que les personnages ne soient pas trahis dans leur essence.
Passons en revue le casting impressionnant de ce film. A la réflexion, il me semble que les acteurs ont été choisis d'après leur profil typique.
Raskolnikov est joué par Robert Hossein qui interprète bien le caractère sombre, orgueilleux, ombrageux mais intelligent du héros.
Sa sœur Dounia (Ulla Jacobson), qui se sacrifie pour l'honneur de sa famille mais tombe amoureuse de Razoumikhine (Gérard Blain), l'ami de Raskolnikov. Ulla Jacobson a des rôles souvent très doux (Bergman) et Gérard Blain est régulièrement un acteur sympa, honnête (les cousins, voici le temps des assassins)
Jean Gabin interprète le rôle de Porphyre. Flic (ou juge d'instruction) matois, qui se met à la hauteur de sa proie pour mieux l'attraper, qui joue au jeu du chat et de la souris. C'était bien un rôle pour Gabin (Maigret, etc …)
Le velléitaire Marmeladov est interprété par le "bavard" Carette. C'est Blier qui a pris les traits de Loujine, ce qui donne un caractère plus dramatique au personnage qu'il n'est dans le roman. Pourquoi pas.
Et surtout, surtout, le plus puissant, le plus beau personnage du roman, Sonia se devait d'apparaître sous un visage pur, beau, innocent, lumineux et surtout bienveillant. C'est un bon choix que d'avoir pris Marina Vlady pour ce rôle. On peut voir que les portraits faits par le cinéaste accentuent encore cette idée de pureté ou d'innocence.
Film magnifique heureusement réexhumé par Gaumont pour notre plus grand plaisir.