Crimson Peak par Charles Dubois

Entre horreur et romance, poésie et gore, Guillermo Del Toro prouve encore ici son style.
Peut être moins poétique et métaphorique que pouvait l'être Le Labyrinthe de Pan, son plus grand film, ce Crimson Peak n'en est pourtant pas moins bon.
En effet, avec une maîtrise totale de son scénario et de sa caméra, le réalisateur mexicain livre un film ambigu mais non moins purement divertissant.
Ce qui frappe dés les premières images c'est bien sûr le soin apporté sur les détails et le travail réalisé pour l'ambiance ; de sublimes décors accompagnés par une musique très belle et des costumes tout aussi beaux. Grâce à un joli traitement sonore, le film réserve quelques petits moments de frayeurs où le soin du suspens et des sursauts éclate au grand jour.
D'une intrigue en apparence simpliste, Del Toro tisse une intéressante histoire, entre inceste et psychose, horreur et romance, où se confrontent, dans cet univers clos qu'est le manoir on ne peut plus gothique des Sharpe, autant de fantômes du passé que de folies psychotiques.
Le film de Del Toro n'est pas si sage qu'il en a en apparence l'air. En effet, entre délicates scènes de romance et de mystère, le réalisateur glisse quelques effusions de violence explosives et soudaine qui se réfugient dans un gore qui, une fois la surprise de sa présence dépassée, demeure jouissif. Reste enfin une ambiance malsaine qui croît progressivement jusqu'à exploser dans une longue scène finale entre absurde et horreur. S'y déploie tout le talent des comédiens, Tom Hiddleston, à son meilleur, Charlie Hunman qu'on ne connaît que trop peu et qu'on aimerait voir plus souvent sur grand écran, mais surtout la géniale Jessica Chastain qui livre ici un rôle marquant dans sa carrière, où se dévoile tout un potentiel effrayant et sadique que l'on envisageait pas.
C'est donc un vrai plaisir de spectateur que ce film d'une réalisateur dont on pensait qu'il avait fait le tour de son univers.