Premier film d'un géant du cinéma, Ingmar Bergman, donc d'ores et déjà une raison à elle seule de regarder cette œuvre. Mais aussi, il y a déjà les thématiques récurrentes du maître à travers les relations mère-fille, la manipulation, la possessivité, la solitude, l'adieu à l'innocence ; et même si toutes ses thématiques ne sont pas exploitées jusqu'au bout cela peut être considéré comme une deuxième bonne raison.
Crise est une œuvre imparfaite (Bergman, lui, la considérait carrément comme ratée ce qui est un jugement bien trop sévère !), notamment parce qu'elle est parfois trop bavarde, ce qui ne veut pas dire que les dialogues ne sont pas bien écrits car, au contraire, il y a de très beaux dialogues, et la direction d'acteurs peut être parfois légèrement trop emphatique (surtout en ce qui concerne Marianne Löfgren !!!).
Mais à côté de cela, on a le droit à du bon, à du très bon. Le réalisateur se montre très inspiré derrière la caméra lors de la séquence du bal ou encore quand la jeune fille, jouée par la fraîche et très jolie Inga Landgré, se donne à l'acteur raté neurasthénique et séducteur, joué magnifiquement par Stig Olin ; que l'on peut considérer comme le premier superbe personnage bergmanien, et auquel on s'identifie très facilement.
Il y a des imperfections, c'est sûr, mais les qualités sont telles, les qualités de la filmo du futur réalisateur des Fraises sauvages sont déjà là, qu'on ne peut passer à côté de cette œuvre intéressante, pour ne pas dire fascinante, par certains aspects.