Un film porté par les studios Aardman et réalisé par Nick Park, créateur des exceptionnels Wallace et Gromit, je ne pouvais rater cela. Ce fût donc avec une jubilation anticipée que je m'installais dans le fauteuil carmin de cette salle obscure...
L'humour anglais à la préhistoire, il y avait de quoi faire frissonner un dinosaure...
Dès le début, c'est un monde de volcans crachant des braises et du souffre, période cataclysmique s'il en est, qu'il nous est donné de contempler. Les décors sont exceptionnellement soignés et les personnages et animaux toujours aussi truculents. Même si des ajouts numériques enrichissent le tout, ces décors entre préhistoire et âge du bronze s'avèrent tout à fait réussis. Les scènes bucoliques de chasse et de cueillette augurent une belle entrée en matière.
Ce qui l'est un peu moins en revanche, c'est le manque d'humour sarcastique, l'oeuvre étant sans doute destinée à un plus jeune public. En effet, bien peu de jeux de mots subtils et sarcastiques n'agrémentent ce scénario trop prévisible qui nous est offert. Cerise sur le gâteau (ou ballon sur le saint stade vénéré des foules en délire), c'est à une histoire de football que le spectateur est convié. Etant particulièrement réfractaire à la chose, je n'ai sans doute pu apprécier à sa juste valeur ce film pétri de bonnes intentions.
La narration est convenue à outrance et l'équipe de bras cassés préhistorique qui doit affronter des pointures du ballon rond (miroir de notre époque actuelle où des individualités creuses semblent fasciner des foules hypnotisées par leur aspect physique) n'a qu'une seule alternative, la défaite. Or, le sens de l'équipe et la solidarité peuvent réaliser des miracles (on n'aurait pas déjà vu cela quelques milliers de fois par hasard ?) et transcender la médiocrité technique de ces gros balourds. Message constructif pour la jeunesse mais un peu éculé pour ceux qui sont sortis des culottes courtes. A partir du moment où le défi sportif est lancé, c'est à une succession de poncifs qu'il nous est donné d'assister. Rien ne nous sera épargné jusqu’aux commentaires bien peu inspirés d'un duo de consultants sportifs pas très futés. Reste que plusieurs scènes amusantes émaillent toutefois le récit. On pourra sourire parfois de situations cocasses mais rien de désopilant non plus.
Dans cet âge de bronze bien hétéroclite, celui-ci n'aura pas coulé mais la bière demeure amère au regard du pétillement qu'elle aurait pu procurer.