Laissez-moi vous partager une jolie surprise franco-luxembourgeoise. Je suis régulièrement émerveillé par la créativité de l’animation française. Vous connaissez tous Croc Blanc. Un jeune loup y fait l’apprentissage de la difficulté de la vie en milieu hostile, tandis que le chien découvre l’âpreté de la servitude et la bassesse de certains maîtres.
L’animation animale est admirable et les décors de toute beauté. Les chiens frémissent, jappent, aboient, courent, grondent, luttent... L’anthropomorphisme est limité : la plupart des scènes sont vues par leurs yeux et les animaux ne parlent pas. Leurs émotions sont compréhensibles : la colère, la peur, la joie. Leur dilemme est universel : la domestication sécurisante ou la liberté incertaine.
Les humains sont moins convaincants. Ils bougent mal. Pis, leurs visages sont laids, leur texture allie mâchefer et papier mâché, un parti-pris surprenant pour une cible enfantine.
L’histoire respecte l’œuvre de Jack London, belle et dure, à l’image de la vie. Elle n’élude rien de la violence et de la barbarie, toujours d’origine humaine. L’humain se révèle foncièrement ambivalent, cruel ou bon...
Une fois n’est pas coutume, le scénario ne joue pas la carte de l’ironie, des références destinées aux adultes et de la double lecture. Adultes et enfants sont embarqués, ensemble, dans la même équipée. Le gamin en sortira grandi, tandis que la grande personne est renvoyée à sa propre enfance, appelée à renouer avec cette naïveté rusée, cet alliage de cruauté et de tendresse, d’émerveillement enjoué et de déception face au mal, propres à l’esprit d’enfance.