Chacun a le frisson.
Dès qu’il la voit.
Cruelle, cruelle.
Elle semble une araignée.
Guettant sa proie.
Cruelle, cruelle diablesse.
Mea Culpa
Quelle surprise! Je ne suis pas un fan des adaptations live de dessins animés classiques de Disney par Disney, si bien que je ne voulais absolument pas le voir malgré mon adoration pour Emma Stone. Finalement, une chose en a entraîné une autre et me voici plongée dans une salle obscure en train de regarder ce film qui il faut le dire s'est avéré être un blockbuster sacrément divertissant, incroyablement frais, savoureusement drôle et extrêmement bien réalisé. Une origin story étonnamment original présentant un côté sombre (toute proportion gardée) qui sonne comme un petit miracle inattendue qui je l'espère est un signe sur l'amélioration des futures adaptations de l'écurie Disney et non d'un coup de chance.
Le réalisateur Craig Gillespie présente avec Cruella une adaptation de haute volée qui ne lésine pas sur le côté technique qui s'avère être un véritable exploit graphique. Le cinéaste pousse loin son esthétique à travers une attitude pop et crade au service d’une mise en scène spectaculaire se livrant à quelques coups de génie comme durant le plan-séquence dans le magasin de Liberty avec un intelligent travelling. Une approche visuelle irrévérencieuse au service d'une ambiance totalement survoltée soutenue par un feu d’artifice de couleurs et de paillettes qui en font une prouesse technique époustouflante. On se régale des nombreux maquillages et autres costumes qui sont incroyablement beaux et inventifs avec des décors magnifiquement sombres pour porter l'ensemble. Chaque fois qu'apparaît une nouvelle tenue confectionnée par Cruella elle est aussitôt superbement mise en scène par le biais d'une photographie ainsi que d'un montage de folie au service de scènes sublimes et jouissives qui décoiffent un max, sans oublier la frappante composition musicale qui fait sens avec le reste. Ce qui rend Cruella si troublant, et finalement si impressionnant, tient dans la parfaite conjugaison entre le visuel et le scénario. Un tour de force digne de louanges.
Le scénario est délicieusement sombre malgré son concept simple qui ne fait que présenter le personnage de Cruella avant les faits observer dans "Les 101 dalmatiens." Sur un schéma narratif parfaitement cohérent qui livre un humour noir décapant mais pas que, puisqu'on surfe également pas mal avec le dramatique avec une approche sur certains éléments des plus sinistres, le réalisateur parvient à revenir habilement sur les événements passés de c'est antagoniste culte. L'histoire s'émancipe pas mal du récit original mais n'oublie pas pour autant de lier un contact avec celui-ci puisqu'on retrouve les personnages les plus connus du film d'animation "Les 101 dalmatiens" jusqu'aux dalmatiens eux-mêmes. La scène mi-générique est savoureuse puisque l'on distingue des personnages importants du dessin animé original avec la fameuse chanson "Cruella d'Enfer". Les multiples rebondissements sont délicieusement variés et dynamiques permettant de masquer les limites apporter autour de la cruauté de Cruella qui finalement n'est pas si méchante, ce qui est dommage, mais au moins on ne s'ennuie pas une seconde.
Les personnages sont correctement introduits avec des motivations claires pour chacun, le tout perfectionné par des performances fabuleuses. Emma Stone est trop belle dans ce rôle et pétille en tant que Cruella d'Enfer. Le trouble de la personnalité entourant Estrella-Cruella est une excellente idée, elle change à mesure que sa haine augmente ce qui est paradoxale puisqu'elle cherche initialement à s'émanciper de ses démons en se vengeant. La comédienne est superbe et livre une énorme performance dans laquelle elle est méconnaissable tant elle est possédée par son personnage. Emma Thompson en tant que baronne von Hellman, l'antagoniste principale n'a pas à rougir devant la performance d'Emma Stone. Thompson rend magistralement la réplique et offre un duel d'antagoniste succulent avec Stone, bien que limité (malgré l'effort) par son format tout public. Les deux actrices nous mènent également à l'un des thèmes essentiels du film avec le féminisme. Un sujet compliqué à aborder, si bien qu'il est vite condamnable d'y faire allusion, seulement le film y parvient sans tomber dans la facilité, le risible et le gerbatif. On échappe aux discours moralisateurs et bateau sur le sujet que l'écurie Disney affectionne tant.
Le reste du casting bien qu'il ne brille pas autant que le duo Emma Stone/Thompson offre des personnages attendrissant comme avec Paul Walter Hauser qui en tant qu'Horace Badun, cambrioleur simplet, s'avère amusant. Joel Fry pour Jasper, l'autre cambrioleur, est plus oubliable même s'il fait un travail plus que correct. John McCrea sous les traits du styliste Artie est une bonne surprise que j'aurai apprécié découvrir un peu plus. Par contre, je n'ai eu de cesse de me demander ce que faisait Mark Strong dans le rôle sans saveur de l'homme de main pas aussi maléfique qu'il le laisse présager. N'oublions pas nos deux amis les chiens qui ici sont particulièrement attendrissants. Kirby Howell-Baptiste et Keyvan Novak sont invisibles mais seront bien plus importants si suite il y a. En parlant de suite je ne serai finalement pas du tout contre, seulement j'espère qu'on explorera un peu plus le côté maléfique du personnage de Cruella qui ici passe avant tout pour un méchant au grand coeur. À quand les manteaux en peaux de toutous ? À confirmer!
CONCLUSION :
Cruella est une adaptation surprenante superbement réalisée par Craig Gillespie qui m'aura bien bluffé avec son blockbuster vivant qui vous transmet la pêche et vous donne envie de replonger dans l'univers de ce protagoniste mythique. Une réalisation au top du top à travers un scénario simple mais intelligent qui laisse libre cours à une Emma Stone absolument remarquable. Un vrai plaisir!
Qui l'aurait cru ? En tout cas, pas moi.