Brillant polar qui s'était attiré la foudre d'une partie de la communauté gay qui le jugeait ouvertement homophobe, « La Chasse » n'a pourtant pas grand chose à se reprocher sur la question. Car c'est avant tout le milieu SM qui est mis en évidence ici, et ce avec un réel souci de réalisme. Le film est d'ailleurs avant tout une plongée dans les pulsions les plus malsaines de l'humain, ce que Friedkin réussit à rendre avec beaucoup de talent sans jamais tomber dans la démagogie ou la caricature. De plus, le réalisateur de « L'Exorciste » a l'intelligence de ne pas se perdre dans une psychologie qui aurait probablement fait perdre au récit sa nervosité et l'ambiance très sombre qui le caractérise. Friedkin va ainsi à l'essentiel et le scénario n'est en que plus fascinant, mais peut néanmoins compter sur d'excellents acteurs pour apporter une réelle humanité à un univers cafardeux : le toujours remarquable Al Pacino (dont les relations avec le cinéaste était pourtant chaotiques), bien entouré par Paul Sorvino et la jolie Karen Allen dans deux bons seconds rôles. Loin des thrillers à rebondissements de dingues toutes les 15 minutes, « La Chasse » s'impose comme un modèle du genre, tendu et remarquablement maitrisé : une grande réussite de plus pour son auteur.