"Il serait vraiment dommage que ce soit son dernier..."
Ce n'est certes pas un mauvais film, mais "Cry Macho" cède vraiment trop souvent à la facilité et ce serait frustrant que cet opus referme l'immense carrière de Clint Eastwood, dont je suis un fervent admirateur et dont j'ai vu tous (absolument tous) les films, qu'il y soit acteur ou/ou réalisateur.
Disons-le clairement, le scénario tient ici en deux lignes et fonctionne à grands coups de "parce que pourquoi pas ?"
A chaque fois que pourrait se poser une difficulté dans la quête du héros, pof ! Un coup de chance et tout s'arrange. Le souci est que cela se produit toutes les cinq minutes (sans exagérer)...
L'action se déroule au début des années 1980, donc sans toute la technologie actuelle. Mike, un vieux "gringo" ne parlant pas un traître mot d'espagnol, part à Mexico pour retrouver et ramener à son père américain un ado rebelle et paumé. Tout ce qu'il a, c'est un prénom, une vieille photo, l'adresse de la mère et un plan de la ville. Mais il trouve la maison sans problème.
La mère lui mentionne un nom de rue où son fils pourrait se trouver ; non seulement il trouve la rue, mais il tombe pile au bon endroit du premier coup. Et juste au moment où il entre, hop ! un quidam appelle justement un jeune homme par le bon prénom. Les flics débarquent et tout le monde se sauve... sauf l'ado et Mike. Tous deux se cachent à quelques mètres, mais les policiers ne fouillent pas la pièce. Tout ça en trois minutes. Parce que pourquoi pas ?
Le film est en bonne partie un "road movie" dans un pays immense et pauvre, comme pouvait l'être le Mexique il y a 40 ans.
Mais nos deux compères n'ont jamais de souci pour trouver une voiture à voler, la démarrer par on ne sait quel miracle, sans jamais manquer de carburant pour la faire avancer.
Ils se font voler leur voiture littéralement sous leur nez au beau milieu du désert par deux malandrins qui arrivent eux-mêmes en voiture... mais personne n'a entendu de moteur, alors qu'ils sont littéralement à cinq pas !
Sans parler du "méchant" homme de main, censé être un gros dur, trafiquant de drogue (à ses heures perdues sans doute), mais qui se laisse déborder soit par quelques péquenauds en colère, soit par un coq énervé...
Et c'est comme ça tout le temps.
Les énormes faiblesses scénaristiques en viennent à gâcher les (rares) moments de grâce, les splendides paysages qui rappellent certains westerns, le jeu (presque toujours) juste de Clint, quelques dialogues bien touchants... Le jeune acteur Eduardo Minett ne se montre guère à la hauteur, à part dans quelques scènes équestres.
"Cry Macho" est un mélange de "Gran Torino" et de "Rambo Last Blood".
Je comprends tout à fait ce qui a pu plaire à Clint dans le roman de N. Richard Nash que ce dernier adapte lui-même. On y retrouve plusieurs des valeurs et des obsessions qui guident depuis des années le dernier monstre sacré d'Hollywood.
Comme dans "Gran Torino", un vieil homme au bout de sa vie, qui n'a plus de famille, va devoir prendre en main un ado pour en faire un homme, tout en découvrant une culture étrangère dont les valeurs ancestrales correspondent à ses aspirations.
Comme dans "Last Blood", le vieux doit passer la frontière, aller au Mexique, découvrir un monde de violence et de pauvreté, lutter à la fois contre les méchants criminels et les policiers corrompus, pour ramener un enfant à son parent et ainsi mériter sa rédemption.
Mais "Gran Torino" possédait bien plus de souffle, de profondeur, de charisme que "Cry Macho" !
Ce film ne constitue pas un échec total, mais il reste très loin d'une réussite comme l'était "La Mule".