Premier long-métrage de Christophe Gans, "Crying Freeman" est une coproduction franco-canado-japano-américaine (rien que ça !), curieusement assez méconnue. Le fait que le film ne soit pas sorti en salles aux USA à l'époque n'ayant sans doute pas aidé à sa renommée. Pourtant, il s'agit d'un exercice de style très intéressant. On y suit l'histoire d'un tueur à gages chinois, identifié par une témoin canadienne lors de l'un de ses meurtres, et traqué par des yakuzas.
Soyons clairs : le scénario n'est ici qu'un prétexte (alliances et trahisons bancales, histoire d'amour clichée et sans aucun développement). L'intérêt de "Crying Freeman" est sa forme. Malgré un budget dérisoire, une durée de tournage limitée, et peu d'expérience, Christophe Gans est parvenu à réaliser un film d'action qui fait de la jambe au cinéma hong-kongais, John Woo en tête. Diversité des plans, effets ralentis, mouvements stylisés : l'ensemble aurait pu tourner à la farce ou au nanar, mais Gans maîtrise la grammaire de ses modèles, et la décline à sa sauce avec soin, aidé entre autres par une jolie photographie.
Cela donne de belles séquences (bien que cliché, le volet séduction est tout de même esthétique !), et des scènes d'action très efficaces. Mark Dacascos, très à l'aise avec les arts martiaux, donne de sa personne et s'offre un beau rôle de tueur au passé trouble. Face à lui, on repèrera Tchéky Karyo en policier trouble. "Crying Freeman" plaira donc sans doute aux amateur de cinéma asiatique.