Petit film indépendant, « Cube » fit néanmoins parler de lui à la fin des années 90. Bénéficiant alors d’un bouche-à-oreille positif, il circula allègrement parmi les amateurs de SF et les habitués des vidéoclubs. La raison est simple : outre son originalité à l’époque, le film se base presque intégralement sur un concept aussi simple qu’implacable. A savoir, un groupe d’individus se réveillent dans d’étranges salles cubiques. Ignorant pourquoi ils sont là, ils se rendent rapidement compte que chaque face de pièce donne accès à une autre salle similaire, mais que certaines salles sont mortellement piégées. Le jeu d’échappatoire peut commencer…


Si le film affiche quelques maladresses, avec en tête des acteurs pas toujours très bons, on peut tout de même dire que c’est un tour de force, surtout pour une première œuvre. Vincenzo Natali s’attache en effet à exploiter son concept très efficacement, livrant un divertissement qui ne relâche jamais la pression et se borne sobrement à 1h30. Juste ce qu’il faut pour appréhender l’univers presque kafkaïen du film, et voir des personnages monter en pression devant des situations périlleuses, froides, méthodiques, et surréalistes. Une ambiance qui inspirera d’ailleurs d’autres œuvres (les jeux vidéo « Portal » notamment).


En outre, la mise en scène est oppressante à souhait, jouant sur des salles de diverses couleurs (pour l’anecdote, une seule salle a été construite, les panneaux de couleur étant régulièrement changé pendant le tournage). Et surtout sur des gros plans, traduisant l’individualisme des protagonistes. Car c’est bien là l’un des messages du film. Une critique de l’égocentrisme de l’humain, qui ne s’intéresse qu’à lui-même et à sa survie en situation de stress, et est incapable de voir que le travail d’équipe et la mutualisation des compétences des uns et des autres peuvent être indispensables à la solution.


Certains seront peut-être déçus du manque d’explication autour de l’univers du film, mais c’est aussi ce qui contribue à son ambiance singulière, froide et nihiliste.


Et cela concorde par ailleurs avec l’avis de l’un des protagonistes, cynique mais réaliste pour qui a déjà travaillé sur de grosses études industrielles : le Cube serait un projet réalisé par des spécialistes déphasés les uns des autres, piloté par des gens qui en ont oublié l’utilité (voire qui ne l’ont jamais comprise), et qui y mettent des humains pour lui donner un sens !


En revanche, ceux qui ont quelques notions de maths souriront sans doute devant certaines situations étonnantes. Telles qu’une étudiante en math et un ingénieur qui ont besoin de plusieurs secondes pour savoir si un nombre se terminant par 2 ou 5 est premier !


Ce joli petit succès permettra en tout cas à Vincenzo Natali de lancer sa carrière de réalisateur indépendant… et donnera aussi lieu à une suite et un préquel, à la réputation bien moindre.

Redzing
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le 2 août 2020

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