Un œil s’ouvre, cercle parfait.
Un homme s’éveille dans une pièce cubique close. Sur chaque face, une trappe. L’homme explore une pièce adjacente et une grille surgit dans un fracas mécanique, le découpant sur place instantanément. Les dés de chair tombent sur le sol.
« Vous devez réussir à vous sauver vous-mêmes »
Six inconnus dans un piège mathématique géant. Six talents pour avancer en évitant la mort, cachée dans l’aléatoire. Les rencontres sont tendues, l’association forcée, et les regards de défiance plus nombreux que les sourires.
Survivre, avec qui, comment ?
« Je suis le poison »
On y revient, huis-clos oblige, l’enfer de l’autre. L’angoisse, la peur, révèlent les hommes. Certains s’effondrent, certains se relèvent, d’autres dévoilent leur obscurité. La confiance n’est jamais pleine, la division empêche la solidarité.
« Je déciderai de la durée de cette heure »
Vincenzo Natali réalise ici son premier long métrage, et outre le décor unique et la distribution peu nombreuse d’acteurs inconnus, le puzzle a convaincu les producteurs. Et convainc les spectateurs, moi le premier. Probablement plus que le message.
Que raconte Cube ?
Purgatoire ? Absurdité du vivant ? Dans le vivarium, Vincenzo Natali exacerbe la dégradation des relations humaines, l’impossibilité naturelle à la cohésion, à l’abandon de soi pour le groupe. Souligne l’individualisme égoïste de nos sociétés où toujours les uns en écrasent d’autres pour atteindre la lumière avant eux, quitte à s’y aveugler bêtement.
Quoi qu’on fasse, quoi que l’on désire, où que l’on se projette, Vincenzo Natali affirme que les dés sont pipés, que seuls de rares chanceux trouvent leur voie, privant d’autres âmes d’espoir, de joie, de vie. Alors oui, Cube est un peu simpliste, la tension n’y est pas toujours bien menée, et les comédiens poussés vers la caricature. Mais l’image et les décors participent parfaitement à l’enfermement, et le film, niveau suspense, est particulièrement efficace.
Matthieu Marsan-Bacheré