Le truc chiant avec le coucou durant une balade en montagne, c'est que tu as beau entendre son chant iconique, pratiquement impossible de repérer le fourbe animal. Loin de l'oiseau dont il tire son titre, Cuckoo attire l'œil mais ne s'avère pas aussi satisfaisant que le chant du dit coucou. J'explique.
Sous ses faux airs de film de petit malin, le long-métrage de Tilman Singer cache en réalité une nature bien plus basique que je ne l'aurais espéré : un simple film de monstre. Exit la réalisation pompeuse et l'histoire incompréhensible et abstraite. On réalise rapidement ce qui nous attend, et ce n'est pas forcément une mauvaise chose pour changer. Mais par conséquent, rien ne surprend vraiment en terme de narration, et les révélations de fin non plus. Hésitant, le scénario ne cesse de nous réexpliquer ce qu'il se passe réellement dans ce curieux complexe alpin, comme s'il nous prenait pour des idiots. Enfin pas tout à fait puisque le film n'attend pas pour nous faire comprendre que quelque chose cloche. Dix minutes, c'est tout ce qu'il faut pour s'en rendre compte, le reste est ainsi destiné aux scènes horrifiques et aux petits drames familiaux. Tout est vite plié, et le vrai fun peut commencer.
Parce qu'il faut le dire, en terme d'idées de mise en scène et d'images marquante, il sait faire le Tilman Singer. Le 35mm est de plus bel effet et les plans propres sans être prétentieux. Le film n'est par contre jamais vraiment effrayant, se limitant à une atmosphère glauque et quelques jump-scares bien placés. A mes yeux, sa plus grande force réside plutôt dans l'univers qu'il créée au beau milieux des montagnes allemandes, avec un Dan Stevens savoureux dans son rôle de docteur timbré menant de curieuses expériences de préservation. Et que dire de la créature qui malmène Hunter Schafer, preuve solide qu'un monstre iconique, ça peut se faire avec quelques fripes et un cri iconique qui reste en tête longtemps après le visionnage. Du sound design au sommet.
Mais autant l'univers de Cuckoo me passionne, autant je le trouve profondément inabouti. Trop de choses restes floues, et je ne parle pas que des phénomènes macabres mais bien des personnages secondaires trop creux ou même du contexte où se déroule l'intrigue. On est censé croire que tout se déroule dans un vaste complexe touristique alors qu'on a seulement droit à une poignée de bâtiments dont la spatialisation est totalement aux fraises : en bref, j'y crois pas une seule seconde.
Oui je me déchaîne un peu sur cet oiseau de malheur, mais je ne peux bouder l'immense bonheur ressenti durant le visionnage, surtout durant le climax généreux et explosif où les comptes sont réglés et où le sang ne se gêne pas de couler. Un pur film de monstre plus fascinant que la moyenne et qui, je l'espère fortement, sera plus visible que le coucou perché dans son arbre.