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Commençons par le point positif. Emmanuelle Seigner et Eva Green incarnent parfaitement, et de façon très juste, l'auteure fébrile victime du succès de son dernier livre, et cherchant l'inspiration pour son nouveau ; et l'amie envahissante, le "cancer" qui s'installe et prend tous ses droits.
Le vrai souci du film vient du scénario. Qu'on fait Roman Polanski et Olivier Assayas de l'adaptation du livre à succès de Delphine de Vigan?
La première moitié du film n'est qu'une immense et interminable situation d'exposition, où l'on voit Elle prendre une place de plus en plus importante dans la vie de Delphine. Il ne faut que quelques minutes au spectateur pour le comprendre (dès la seconde scène, dans l'appartement, qui correspond à la seconde rencontre entre les deux femmes, le rôle d'Elle dans la vie de Delphine est obvious!), mais on nous en sert des couches pendant près d'une heure : Elle s'invite à l'appartement de Delphine, accède à son ordinateur, répond à sa place à son courrier, se fait même passer pour elle dans une conférence d'université...
Enfin, aux deux-tiers du film, l'intrigue commence. Ouf ! Au moment où Delphine choisit le thème de son nouveau roman (et décide d'écrire sur Elle). Mais cette deuxième partie du film arrive bien trop tard et apparaît bâclée en 30 minutes. Quel gâchis...
Polanski lance plusieurs pistes scénaristiques qu'il semble complètement oublier au fur et à mesure de son film : cette histoire de documentaliste et de conférence au lycée Balzac pour laquelle Elle ne s'y est jamais rendue par exemple, ou bien le métier de "Nègre" d'Elle, qui aurait mérité d'être creusé.
On sort finalement de séance avec une impression de film inachevé, d'un twist final sorti du chapeau pour clôturer une histoire qui manque cruellement de rythme.