Difficile de critiquer un film de Quentin Dupieux, tant chacun est différent et est singulier au regard du reste des propositions cinématographiques françaises et internationales. Sur moi, ça ne fonctionne pas à chaque fois, j'ai souvent du mal avec son cinéma. Par exemple, je n'ai pas aimé pas Wrong et Mandibules, j'ai pas mal de réserves sur Au poste et Le daim, et j'ai adoré Yannick (beaucoup plus accessible et axé sur l'émotion).
Quand j'ai entendu le spitch de Daaaaaali, un faux biopic du peintre interprété par plusieurs acteurs différents, je savais pas quoi en penser, et après avoir vu le film, c'est toujours un peu le cas...
Le film est complètement barré, tout peut arriver d'un moment à l'autre. Cela entraine des moments comiques, c'est vrai, mais très vite les limites de ce procédé narratif arrivent. Puisque le réalisateur n'accorde pas d'importance à la cohérence de son récit, puisqu'il ne veut pas que notre suspension d'incrédulité soit maintenue, on fini par ne plus croire en rien et à se désintéresser de tout ce qui nous est montré à l'écran. Le film ne dure que 1h10, mais cela parait bien plus long.
Heureusement, le film s'appuie aussi sur son concept fort d'avoir plusieurs acteurs connus pour interprété un même rôle. Le fait de passer d'un acteur à l'autre nous maintient attentif. C'est assez ludique en fait. On se demande qui sera le prochain à apparaître, comment un tel va interpréter le personnage, est-ce que ces changements ont une signification, ... Au début j'ai cherché si les moments de changements d'acteurs pouvaient être signifiants, mais je pense que là non plus, il n'y a pas vraiment d'analyse à faire. Dupieux s'amuse à foutre le bordel, ça ne va pas plus loin.
Je soulignerai quand même la qualité des interprétations. Si chacun joue Dali à sa manière et avec son physique, il y a tout de même une vraie cohérence dans le personnage tour le long du film.
Enfin, le côté mise en abîme est assez appréciable. Là aussi, pas de cohérence, cela casse la trame scénaristique du récit, mais un côté fun émane tout de même de tout ce schmilblick. On sent que tout le monde prend du plaisir à jouer dans un truc aussi barré, et on peut imaginer Un Dupieux pouffer dans sa barbe de l'autre côté de la caméra.
Daaaaaali est un geste artistique comme seul Dupieux sait les faire. Les amateurs du cinéastes seront sans doute ravis, les spectateurs peu habitués seront partagés. Pour ma part, je reconnais la singularité et je dois avouer avoir pris du plaisir devant certains moments de ce film, mais je me suis aussi pas mal ennuyé à d'autres moments. C'est sans doute là que se trouvent les limites du concept.