Ce premier dessin animé autour de Lucky Luke signé par ses auteurs n’est pas encore totalement maîtrisé. Le scénario original signé Goscinny et Morris pique çà et là de nombreuses idées collées avec plus ou moins de bonheur les unes aux autres. Il en résulte une histoire quelques peu décousue qui fait penser à un assemblage de saynètes plus ou moins réussies. La venue des Dalton dans la ville est la plus aboutie car la plus drôle tandis que la dernière partie avec les Indiens est très paresseuse. À cet aspect décousu s’ajoute un manque flagrant de rythme qui empêche à l’ensemble d’être une aventure vraiment palpitante.
Si les dialogues sont rarement drôles (ils sont, par ailleurs, très peu nombreux, l’ensemble étant trop musical à mon goût), on trouve quelques personnages et gags plutôt amusants dans l’esprit du trio Goscinny-Morris-Tchernia avec quelques pointes cartoonesques bienvenues. L’animation, si elle est rudimentaire comme toutes les productions Belvision, reste tout à fait correcte avec de jolis dessins. On retrouve aussi quelques voix familières qui fonctionnent parfaitement bien et la partition musicale de Claude Bolling cadre idéalement avec cet univers de parodie de western avec tous ses archétypes. Le propos, quant à lui, comme toujours chez ses auteurs, a du sens et fait souvent mouche.
Le résultat, s’il est sympathique, n’est donc pas à la hauteur d’Astérix et Cléopâtre (les Astérix se prêtent, de toute façon, à mon sens, davantage à de meilleures adaptations que les Lucky Luke) que le studio a sorti trois ans plus tôt. La volonté d’avoir voulu tout compiler dans une seule et même histoire pour recréer tout l’univers de Lucky Luke se comprend tout à fait mais c’est une maladresse. La Ballade des Dalton, réalisé quelques années plus tard, sera beaucoup plus abouti avec un scénario mieux pensé et des gags mieux amenés. Ce premier essai reste cependant tout à fait regardable, la part nostalgique jouant un rôle non négligeable dans l’indulgence qu’il inspire des décennies plus tard.