Au Far West des pionniers fondent la petite ville de Daisy Town mais rapidement l'appât du gain fait affluer dans la bourgade tous les hors-la-loi des environs.Heureusement Lucky Luke,un cow-boy solitaire qui "tire plus vite que son ombre",passe par là et devient l'homme providentiel qui nettoie la cité de ses malfaiteurs.Mais les quatre frères Dalton,des bandits stupides et hargneux,viennent compliquer sa tâche,ainsi qu'une tribu d'indiens.Ce premier long-métrage relatant les aventures du "poor lonesome cow-boy",une des stars de la BD hexagonale,présente la particularité de reposer sur un scénario original et non d'être l'adaptation d'un album préexistant.De fait c'est l'album,publié en 83,qui sera adapté du film.Pour le reste l'oeuvre s'inscrit dans la politique consistant à porter au cinéma les planches de René Goscinny éditées par Dargaud,démarche qui avait trouvé sa première illustration quatre ans plus tôt avec "Astérix le Gaulois".Comme pour Astérix,il s'agit d'une coproduction franco-belge impliquant côté wallon les célèbres studios Belvision et côté français Dargaud,l'éditeur des BD.On retrouve même au doublage certains acteurs ayant officié sur "Astérix" tels que Roger Carel,Pierre Tornade,Pierre Trabaud ou Jacques Jouanneau.Le résultat est également assez similaire,présentant les mêmes défauts et qualités que dans les aventures du petit gaulois.Pour les premiers citons la médiocrité d'une animation heurtée,les arrière-plans tout pourris et figés qui jurent avec l'image des premiers plans et la platitude d'une intrigue linéaire d'un intérêt moyen.Ajoutons à ça l'envahissante présence d'une musique dont la prépondérance semble destinée à compenser le manque de densité de l'intrigue.Les compositions de Claude Bolling,de l'excellente musique western,ne sont pas en cause mais la prolifération des numéros chantés et dansés finit par lasser.Pour finir,il y a un problème dont ne souffrent pas les"Astérix",l'absence de personnalité du héros.En effet Lucky Luke est un bien pâle protagoniste.Quasiment mutique,toujours d'accord avec tout,il ne sait que répéter "ouaip",son rôle se limitant à flinguer les truands pour faire régner l'ordre,sans jamais tuer personne vu que c'est destiné en priorité aux enfants.Par conséquent son aura est limitée et il devient une sorte de machine à tirer,relativement sympathique puisqu'il est du bon côté de la Loi,mais sans plus.Son cheval Jolly Jumper a plus de charisme que lui,c'est dire.Question qualités il faut signaler le très joli graphisme,proche des dessins des albums,et pour cause car Morris est aussi réalisateur et scénariste du film avec son auteur René Goscinny.La trame de l'histoire est également bien vue et développe un univers et une ambiance ressemblant fort à ceux des westerns live,les auteurs étant de bons connaisseurs de l'Ouest américain.