Un film poignant qui n'a pas usurpé sa réputation de petit bijou d'intelligence et surtout d'interprétation magistrale. L'histoire de cette société américaine qui préfère laisser ses habitants mourir dans d'atroces souffrances ou s'en servir comme cobayes de laboratoire (sans plus de cérémonies que s'il s'agissait de petites souris) plutôt que d'avoir à ployer le genou devant une autre nation qui a le médicament qui soulage les malades pendant leur descente aux enfers... Tellement incroyable d'hérésie et d'auto-suffisance que très vite les dirigeants de ces sociétés soi-disant "pour la santé" nous rendent malades nous-mêmes, entre haut-le-cœur et indignation... Jusqu'à la fin, on ne peut (veut ?) pas y croire tellement le raisonnement des grands bonnets nous paraît absurde, et l'on se demande alors à quel siècle on vit pour voir pareille injustice, immoralité, en toute impunité... On l'aura vite compris, Dallas Buyers Club sait choquer par l'histoire vraie de cette Amérique qui veut son auto-suffisance médicale, quitte à laisser souffrir des milliers de malades, voire même à en achever quelques-uns... Car, si comme moi vous tenez à Rayon (impossible de dire Jared Leto, il incarne une femme jusqu'au bout des ongles et on ne voit jamais l'acteur derrière ce personnage très attachant), attention au coup de gueule (avec mots fleuris devant son téléviseur)...
Sa mort par dose non-désirée de AZT, on appelle cela un assassinat, ni plus ni moins
, et l'impunité de cet acte nous a retourné les tripes. Jared Leto n'a pas volé son Oscar de Meilleur Acteur dans un second rôle, à voir Rayon on tente deux minutes d'apercevoir l'acteur sous le (fabuleux et récompensé) maquillage, puis on se laisse mener par cette charmante (volontairement mis au féminin) miss de la rue qui est à la fois hilarante par ses mimiques et répliques, et aussi touchante par le rejet violent qu'elle subit face à une société très fermée sur le sujet... Pour former un duo détonnant avec Rayon, Matthew McConaughey (Oscar du Meilleur Acteur...pour son meilleur rôle ? Oui, en n'oubliant pas Mud non plus) est impressionnant de justesse : d'abord homophobe puis de plus en plus ami de la miss, son évolution en sauveur universel contre une société hypocrite nous touche, et les séquences transcendées ne manquent pas (la tentative de suicide dans sa voiture... On retient son souffle). La fin nous met les larmes chaudes aux yeux, mais aussi le sourire béat par la tendresse soudée de cette communauté, et l'on termine en se sachant instruit d'une histoire incroyable. Une prise de conscience glaçante, et une entraide "système D" qui réchauffe le cœur. Un concentré d'émotions.