Les éleveurs de drogues contre les salopards
On ne peut pas dire que 2014 ait réellement démarré sous les meilleures auspices cinématographiques. Les productions moyennes s’enchaînent sans répit, et sans que ne ressorte vraiment quelques perles.
C’est dans ce contexte que Dallas buyers club est sorti, auréolé de ces qualités qui précédent l’oeuvre et qu’on encense avant même de le voir.
C’est une histoire vraie, et les histoires vraies ont tendance à tiare décoller les critiques de leur siège, à les faire s’envoler et à ne plus les faire redescendre que pour recevoir un chèque ou boire un verre d’un whisky hors de prix.
Et puis, Dallas buyers club, comme d’autres avant lui, surfe sur une vaguelette qui marche : ses acteurs principaux ont du s’astreindre à un régime draconien pour le tournage, et c’est un petit plus qui fait beaucoup parler.
Nominés et récompensés de multiples fois (golden globes, oscars, et environ vingt-cinq autre festivals lui ont décerné un ou plusieurs prix), ses deux acteurs principaux, Matthew McConaughey et Jared Leto (qui ont donc perdu, respectivement, 22 et 25 kilos) tirent les marrons du feu de ce film qui, du coup, sort de l’ombre.
Et en sortant de l’ombre, on s’aperçoit que les véritables héros du film, ce ne sont pas tant Ron et Rayon, les deux sidaïques qui mettent en place un marché noir du médoc, mais plutôt la FDA (Food and drug administration, qui autorise les produits à envahir le marché), les laboratoires pharmaceutiques, et l’AZT (dans sa version « de base »). Tout le film, plutôt correct, sobre, bien filmé, non dénué d’humour et, bien entendu, bien joué, tourne autour des problèmes du système de santé américain dans les années 80, de la surpuissance des labos et de la corruption de la FDA. À tel point qu’à la fin du film, un message doit préciser que l’AZT, couplé à d’autres produits, a permis de sauver des millions de vies.
Toujours est-il que Dallas buyers club, en plus de mettre en lumière une biographie intéressante (un type homophobe qui grandit), en dépit de sa relative facilité, se paye le loisir de taper dans les institutions (ne vous leurrez pas, il n’y a pas qu’aux États-Unis que ça se passe comme ça) et de montrer du doigt quelques graves dysfonctionnements dans l’organisation humaine.
Alors, ça casse pas trois pattes à un canard comme on dit, mais c’est quand même l’occasion de passer un bon moment de ciné, d’apprendre deux ou trois trucs, et de s’élever un peu. C’est pas mal, non ?