1985-1992 Du rodéo au rodéo : la performance d'une vie
Je sors d'une séance de "Dallas Buyers Club". Si j'avais pu mettre 11 ou plus je l'aurais fait.
Sans maquillage, ni effets spéciaux, sans lumières artificielles, ni sensiblerie, voilà un film dont je sors les larmes aux yeux, les sanglots vissés au creux de la gorge. Décalée du monde qui m'entoure sur ce trottoir faussement ensoleillé de janvier.
Du Texas au Mexique et retour, Ron Woodroof luttera personnellement et collectivement contre les oeillères de la peur et de trente jours, il aura un sursis de plus 2500 jours.
Mr Woodroof, fan de rodéo, praticien d'une sexualité éparpillée, ou mieux wood roof, le toit en bois, a accueilli sans fard les médicaments non approuvés qui ont sauvés, du moins allongé le sursis de sa vie et celles de ceux qui l'ont suivi, y compris Miss Eva Saks, docteur en médecine.
Le film repose sur une histoire sobre, comme sa technique, ciselée et fine, une performance de comédiens sans adjectif capable de la qualifier avec justesse.
Contre les lobbys, en l'occurrence des laboratoires pharmaceutiques en recherche d'argent, contre les prescriptions dogmatiques et irraisonnées, contre l'homophobie, contre la bêtise et le manque de réflexion, contre l'idée (encore présente parfois) que le sida ne touchait que les homosexuels ou encore les drogués, montrant au détour d'un échange les études scientifiques européennes qui contredisaient déjà les propos tenus aux USA à l'époque.
Un film aussi puissant que simple, qui dépasse de beaucoup son seul sujet ... N'hésitez pas et j'espère que vous y vivrez la même émotion que moi.
Bonne séance !