Ron est le texan typique. Moustachu, châpeau vissé sur la tête et lunettes de soleil, jean sale et ceinture de cuir...fin prêt pour 8 secondes intenses de rodéo.
Clope au bec, bouteille à la main et paille dans le nez, c'est sa manière de profiter de la vie, de faire la fête avec ses potes, et de bénéficier de la compagnie des femmes qu'il aime plus que tout.
Ron est un homme viril et couillu qui assume son image de cowboy dégénéré jusqu'à ce que les médecins lui annoncent sa séropositivité. Il ne lui reste alors que 30 jours pour mettre de l'ordre dans ses affaires.

La séropositivité...
le Sida, cette saloperie qui débarque au début des années 70 en pleine révolution culturelle, alors que les Beatles et les Rolling Stones libèrent les idées et les genres.
On est tout de suite tenté de penser à un remake de Philadelphia. Pourtant ça serait fichtrement se tromper.
Le film a commencé par nous présenter ce type sûr de lui, fonceur parmi les fonceurs, et bien que le scénario montre, comme on peut facilement le comprendre, l'image du personnage terrassé par cette nouvelle insupportable,
- Dallas Buyers Club - évite prodigieusement le piège du mélodrâme pleurnichard, se révélant au contraire d'une puissance extraodinaire.

Alors il serait si simple de dire quoi en penser avec un tout simple "Whaou !", mais l'oeuvre de Jean-Marc Vallée est telle qu'il est impossible de se contenter de si peu, ne serait-ce que pour donner envie aux autres d'aller voir ce film fabuleux, où même pour soi-même, s'accorder un peu de temps et se remémorer ses moments les plus prenants.

La mise en scène n'a trop rien de rocambolesque, ce n'est pas du Sergio Leone ni du Iñárritu, on est d'ailleurs bien loin de la toile contemplative.
Pourtant, les cadrages, le montage, et les effets sonores qui accompagnent l'angoisse et la solitude du personnage et bien sûr le scénario, sont de vrais succès, de petits bonheurs en tous points appliqués qui développent un métrage percutant.
Et si le spectateur est secoué, déstabilisé puis conquis c'est bien grâce à de solides dialogues authentiques, graves, nerveux ou sensibles, souvent outranciers, mettant en lumière des situations explosives qui l'immergent totalement dans l'histoire.
La complémentarité qui se dévoile entre les 2 personnages principaux est le point fort de la réalisation. La prestation de Matthew McConaughey est tout bonnement gigantesque, absolue et renversante. Outre son rôle, l'acteur a aussi mis la main à la poche pour terminer le tournage.
Jared Leto, absent du grand écran depuis 4 ans, est quand à lui travesti avec gentillesse, vulnérabilité et extravagance, et offre ainsi une interprétation remarquable. Les acteurs ont respectivement perdu 22 et 25 kgrs pour leurs rôles, signe ultime d'une implication sans borne.
Ils servent tous deux un récit superbe qui fait prendre la mesure d'une époque perturbée.
Une époque d'ignorance où la maladie inspirait la peur et l'incompréhension ; d'idiocie où les homosexuels étaient montrés du doigt, les toxicomanes méprisés ; une époque où les malades déshumanisés étaient craints et délaissés dans le meilleur des cas, utilisés par le corps médical et l'industrie pharmaceutique dans le pire.
Le récit s'empare de la thématique de lutte de ces deux mondes diamétralement opposés. Malades d'un côté et "Science" de l'autre dont il fait une critique intelligente et circonstanciée, encore vraie aujourd'hui.
En témoignent pour exemples les affaires PIP, Mediator de part chez nous ou Avendia et Diovan Outre-Atlantique. Des révélations tout juste croyables qui opposent le sort des nécessiteux, parfois cobayes, aux intêrets astronomiques de la mafia de la santé.

Ron le bouru devient un personnage intelligent et accessible.
- Dallas Buyers Club - est une réalisation qui confirme tous les arguments d'un très bon film. Des acteurs au service de personnages singuliers et un récit prodigieux qui traite avec beaucoup de justesse un sujet ultra sensible.
Whaou !
FPBdL

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7

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