On a beau taper sur l'approche toujours identique des studios pondant des blockbusters décérébrés, type Marvel Studio & consorts, force est de constater qu'une même logique de cahier des charges semble s'appliquer à un autre genre de films, ceux calibrés pour rafler des oscars & récompenses affiliées. Scénario porteur d'une thématique dense, réalisation empreinte de gravité à l'instar de son sujet, scènes parfois pensées plus pour démontrer un talent d'acteur (réel) que pour raconter une histoire.
Dallas Buyers Club est à ce niveau un film archétype du genre, voire stéréotype. Oui, Matthew McConaughey est excellent dans son rôle d'homophobe tranquille des années quatre vingt, oui Jared Leto est bluffant et aurait mérité un peu plus de temps d'écran pour ne pas rester cantonné au statut "Toi-tu-concoures-pour-le-second-rôle", oui le scénario revenant sur l'épidémie HIV aux états-unis et le phénomène des clubs de médicaments alternatifs face à l'intransigeante FDA est intéressant (j'aurais bien pris une petite dose supplémentaire d'intrigue juridique, à peine effleurée ici). Reste que le tout coule trop parfaitement dans un moule de statuette dorée au point de le priver Dallas Buyers Club d'une réelle personnalité.
Ne boudons cependant pas notre plaisir. La réalisation est chouette, la reconstitution pas tape à l’œil mais bien distillée des années quatre-vingt fait plaisir à voir, et ce n'est pas parce que c'est calibré oscars que les performances de Matthew McConaughey et Jared Leto ne sont pas à découvrir. Ces deux là envoient du lourd, que se soit dans l'implication physique évidente en amont du tournage ou leur jeu toujours juste. Et puis le thème est digne d'être rappelé, cette fois-ci expurgé d'un excès de pathos comme Philadelphia avait pu l'être vingt ans auparavant.