Exercice réussi pour Jay Roach, qui s'attelle ici à dépeindre un aperçu de la vie de Dalton trumbo avec le génial Bryan "Heinsenberg" Cranston dans le rôle principal.
Oui, la réalisation d'un biopic est un peu devenu un exercice de style pour de nombreux metteurs en scène. Et c'est sans doute ce qui permettra à certains de le juger comme un biopic de plus, noyé de vulgarisation Hollywoodienne. Mais c'est ici plus subtil que ça.
L'approche est sobre dans la mise en scène, voire impersonnelle. C’est sûrement à la fois le défaut et la principale force du film. La caméra est académique, mais cela ressemble à une volonté du réalisateur de se détacher du contenu pour éviter d'imposer maladroitement son point de vue sur un sujet très politique. On ressent d'ailleurs presque l'absence de parti-pris à ce niveau là, dans ce récit d'un combat "sans héros, avec seulement des victimes", et c'est une bonne chose.
On est confronté à un sujet sensible au XXème siècle, abordé à travers le monde du septième art. Le recul pris dans ce film n'est pas une vulgarisarion, mais un reflet des mentalités de l'époque.
Le traumatisme de la 2de Guerre mondiale et les tensions naissantes entre les USA et l'URSS sont à l'origine du MacCarthysme, une vision des chose très tranchée, et paranoïaque. Qui de mieux que des comédiens tels que B. Cranston ou encore John Goodman pour restituer ce climat à la fois tendu et absurde, non sans humour... L’ensemble du casting est d’ailleurs plus que convaincant.
Alors certes, une "patte" artistique un plus présente n'aurait pas été de trop, mais le résultat est loin d'être ennuyeux. Le tout est très bien rythmé, entre scènes historiques ponctuées d’images d’archives, et scènes de familles qui rappellent le côté humain du protagoniste.
Le choix de dépeindre cette société americaine des années 50 sur fond d'histoire du cinéma est particulièrement habile, puisqu'il s'agit (cit.) "du média le plus influent". Cette mise en abîme du cinéma est un hommage teinté de dérision, qui démontre que les conflits politiques ont une influence directe sur les arts et la culture, et inversement. C’est en tout cas une problématique intemporelle, et voilà pourquoi ça fonctionne.