"Fantastic beasts : the crimes of Grindewald", réalisé par David Yates et scénarisé par J.K. Rowling, fait suite à "Fantastic beasts and where to find them" des mêmes auteurs, et la déception est au rendez-vous. Le premier opus n'était pas un chef d'oeuvre, mais restait plaisant à regarder. Pour le second en revanche, beaucoup trop de défauts nous sortent du film, et tout le fan service du monde n'y changera rien.
Côté casting, on retrouve Eddie Redmayne en Newt Scamander assez attachant. Les performances d'acteurs et actrices sont globalement bonnes. Celle de Jude Law en Dumbledore est plus intéressante que l'écriture de son personnage, de même que pour Zoe Kravitz en Leta Lestrange. Quant à Johnny Depp, il est assez convaincant dans le rôle de Grindelwald, évitant le piège de la caricature auquel il est trop souvent abonné.
Visuellement, le film est réussi. La photographie met en valeur le production design d'un Paris des années 20 plus que crédible (malgré la surdose de monuments connus à l'écran). Les effets spéciaux sont au niveau des super-productions modernes, avec cependant quelques créatures manquant de finition.
En ce qui concerne la mise en scène, David Yates ne prend que très peu de risques. La composition est trop sage, ou manque de subtilité, comme ce dialogue sur un toit entre Grindelwald et Creedence, filmé en contre-champs basiques (avec en arrière-plan d'un côté la tour Eiffel et de l'autre le Sacré Coeur, pour être sûr que l'on est bien à Paris). Dans les séquences d'action, on retrouve malheureusement ce syndrôme très hollywoodien du cut compulsif, par exemple lors de l'évasion de Grindelwald au début du film. Quelques plans longs permettraient sans doute une meilleure compréhension, et ajouteraient de la tension dramatique.
La musique, également, ne rend pas service à cette suite, et c'est valable pour le premier opus, dans une moindre mesure. Composée par James Newton Howard, elle est bien présente, mais son utilisation la rend anecdotique. Elle n'accompagne pas assez les émotions et les ambiances, comme c'était le cas dans la saga Harry Potter. On a ici la bande originale d'un blockbuster d'aventures lambda, et rien de plus. D'ailleurs aucun thème principal, propre à cette série, ne ressort. On notera le thème de John Williams posé au milieu, sans finesse, lors de l'apparition à l'écran de Poudlard, pour satisfaire les fans.
Le principal problème reste le scénario. Le schéma narratif, tout d'abord, est inutilement compliqué par des sous-intrigues qui ont peu d'influence sur l'histoire (la recherche de Tina par Newt, la romance entre Jacob et Queenie, toutes les séquences sur Leta Lestrange), et qui donnent une impression de remplissage. Entre le début et la fin, la situation n'a presque pas changé (ah, si ! Les gentils ont récupéré un objet qui, une fois détruit, leur permettra d'affronter ENFIN le méchant. Tiens, cela ne vous rappelle rien ?). J.K. Rowling pose son univers et ses personnages, et le résultat est un film de transition. Encore un. Le film contient aussi bon nombre de facilités scénaristiques, comme l'arrivée systématique des créatures fantastiques au bon moment, l'évasion de Grindelwald, sa vision du futur, etc.
L'écriture des personnages est catastrophique. Ils sont trop nombreux, et peu développés pour la plupart. Certains comme Creedence ou Leta Lestrange sont au contraire trop développés, sans être pour autant utiles à l'intrigue. Tina, Theseus, Jacob, Queenie, et même Newt (le personnage principal) sont passifs. Dumbledore et Nagini ne sont là que pour "teaser" la suite, et remplir le quota de fan service. Pour finir, même le titre de la saga ne fait plus tellement sens, tant les animaux sont relégués au second plan.
En conclusion, "Fantastic beasts : the crimes of Grindewald", c'est beaucoup de teasing; de fan service, mais pas assez de qualité narrative. Malgré la présence de la talentueuse J.K. Rowling derrière la plume, il semblerait qu'on écrive pas un film comme on écrit un roman, surtout quand la production derrière accorde plus d'importance au commercial qu'à l'artistique. La pentalogie ne fait que commencer...