Damsels in Distress c’est le retour de Whit Stillman, amoureux de screwball comedies resté dans l’ombre depuis plus de 10 ans. Il nous manquait depuis Les derniers jours du disco, mais le revoilà avec une bobine disposant de la même candeur et de cette bouffée de fraicheur qui manque cruellement au cinéma comico-romantique actuel. Tel un pape, il revient et nous rappelle à quel point le genre s’est fourvoyé dans une simplicité désopilante, Mes meilleures amies en étant le représentant le plus flagrant. Ici tout est simple, joyeux, jongle entre le burlesque et la loufoquerie, et chaque personnage est pétillant comme une fraiche gorgée de champagne. Stillman est comme toujours à l’écriture et ça se sent, le ton étant aussi bien cynique que décalé, porté par des acteurs tous plus resplendissants les uns que les autres, Greta Gerwig en tête, nous gratifiant d’une sincérité dont le seul égal est son sourire communicatif.
Hilarante de bout en bout, la pellicule ne loupe pas une occasion de nous faire rire, mais c’est aussi là que se situe par moment l’escarbille qui fait éclater les personnages en une horde d’éléments manquant d’interconnexions. Au final on se retrouve avec plein de bonnes idées, de belles phrases humaines, mais qui ont hélas une tendance à étouffer les personnages qui n’ont pas réellement le temps de parler d’eux-mêmes, certains du groupe principal étant même trop mis au second plan, les rendant plus qu’accessoires.
Dommage, surtout lorsqu’il ne suffit à l’auteur que d’une poignée de répliques pour donner une véritable existence au personnage très secondaire qu’est Thor (Billy Magnussen), en plus de le rendre attachant et émouvant.
Imaginez Clueless avec de l’humour, ou même mieux, Pleasantville lorsque les protagonistes s’illuminent par le biais des couleurs, et vous aurez une vague idée de ce que peut être ce Damsels in Distress. Jamais vulgaire, toujours dans la subtilité, la pellicule nous prouve qu’il est encore possible en 2012 de voir en salles des films qui ne se limitent pas à des déluges de pets et de rots, sans non plus virer à l’extrême du pédant façon Wes Anderson ou Woody Allen.
Une bonne leçon qui nous rappelle que l’on peut rire par le biais de la légèreté, tout en ayant un discours plein d’optimisme et de bonne humeur. Pas parfait, parfois décousu, Damsels in Distress n’en reste pas moins l’une des meilleures comédies de l’année, gentiment candide dans sa romance, rétro dans son humour sans non plus être grabataire, surréaliste dans son univers dépourvu de codes temporels, un hommage plus que réussi à un cinéma révolu, laissant loin derrière le cancre opportuniste qu’était The Artist.