Sorte d'antithèse d'un Woody Allen, Whit Stilman est un réalisateur discret, à la filmographie assez peu développée. Encensé pour son premier film Metropolitan, il y a plus de vingt ans, lequel avait été nominé pour l'oscar du meilleur scénario, il a depuis réalisé la bagatelle de...trois films, dont celui-ci, intervenant près de quinze ans après son précédent, Les Derniers jours du disco. Un fait regrettable, qui rend chacune de ses oeuvre d'autant plus précieuse.

Surtout lorsqu'on observe le paysage de la comédie US actuelle, ravagé par le formatage imposé par la bande à Apatow. Ici, on est un peu aux antipodes de ce que l'on a pu voir ces derniers temps. Sur un sujet digne des pires teen-movies, le quotidien d'un groupe de jeunes filles sur un campus, le réalisateur parvient à tirer un film d'une grande sensibilité, tout en délicatesse et en second degré. Une sorte de pied de nez à ces pochades inspirées des American Pie, pour ne citer qu'eux. Ici, c'est plutôt à une déconstruction du mythe du campus américain que l'on assiste.

Les fraternités ne sont plus grecques mais romaines, les soirées alcoolisées y sont moquées, dans le sillage de ces quatre jeunes filles à la fraîcheur et à l'innocence presque trompeuses, dont la préciosité confine parfois à l'agacement. Car ce sont presque des anti-héroïnes que nous dévoile Stilman, totalement à l'opposé des bimbos décérébrées dont se régale ce genre de cinéma habituellement. Malgré tout, grâce à un casting absolument impeccable, il parvient à tirer son épingle du jeu, et à rendre sympathique ces demoiselles pas si en détresse que ça, maniérées au possible, presque arrogantes mais malgré tout tellement vraies, tellement humaines. Grâce aussi à des dialogues fins et intelligents, véritables bijoux d'écriture et de construction.

Sorte de chaînon manquant entre Woody Allen et Wes Anderson, Whit Stilman confirme sa place parmi les grands de la comédie américaine intelligente. Véritable perle au second degré rafraîchissant et à l'humour absurde, Damsels in Distress est pour l'instant la bonne surprise de cette rentrée plutôt pauvre par ailleurs.
Hyunkel
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le 5 oct. 2012

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