Premier film de Whit Stillman en treize ans, Damsels in Distress est une campus teen comedy, un genre qui avait perdu de sa superbe depuis quelques années, devenu un recueil à blagues graveleuses à l’alcool qui coule à flots.

Non pas que Damsels in Distress soit un film totalement chaste, le film de Whit Stillman se démarque déjà par son ton, si original et rafraîchissant. En effet, les dialogues sont aussi frivoles qu’extrêmement écrits, avec des réactions irréalistes mais si absurdes et drôles qu’elles en deviennent passionnantes. Il y a un vrai amour du dialogue chez Whit Stillman et Damsels in Distress est un film qui se repose entièrement sur des dialogues qui mériteraient presque qu’on écoute qu’eux et qu’on ferme les yeux sur ce qu’il se passe à l’écran. On y parle de couleurs en y buvant des cocktails, de playboys, des Cathares ou encore de propreté, de suicide et de savon.

Sauf que ce faisant, on louperait le parti pris visuel absolument splendide du film de Stillman. On est loin de l’image numérique que tous les films utilisent en ce moment. Ce n’est pas une qualité en soi, mais cela permet au réalisateur de composer quelques plans particulièrement fabuleux. En effet, sous l’effet des dialogues scintillants, l’image elle-même se met souvent à briller constamment, tout est magnifique et charmant, sans oublier l’effet d’un score de Mark Suozzo, quasiment inécoutable en dehors du film (s’il on omet la Sambola, la reprise de Things Are Looking Up et un autre morceau à propos d’un arc-en-ciel) mais terriblement adéquat au propos, hors du temps.

Bien évidemment, une œuvre aussi singulière et radicale dans son approche cinématographique ne marcherait que s’il y avait un casting à la hauteur de son ambition. Rassurons-nous, Greta Gerwig est totalement parfaite dans un rôle qu’elle magnifie grâce à ses réactions plus vraies que nature (pour le coup), son abnégation qu’on retrouvera dans Frances Ha l’année suivante et surtout son sens de la comédie inné, qui aurait fait un grand bien au spin-off de HIMYM s’il avait été validé. Autour d’elle, c’est du grand art. Entre les bien connus (et excellents) Adam Brody, Analeigh Tipton, Aubrey Plaza, Zach Woods ou encore Alia Shawkat (dans une savoureuse apparition), on retrouve des acteurs moins connus mais tout aussi drôles, comme Billy Magnussen, Jermaine Crawford (qu’on a connu dans un rôle marquant de The Wire), Hugo Becker et les deux fabuleuses Carrie MacLemore et Megalyn Echikunwoke, dont le jeu tout en regards perdus et présence charismatique est la meilleure partie du film.

Damsels in Distress est un délice rayonnant, une sorte de soirée au Crillon au milieu d’un déluge de Burger King. Le film est absolument fabuleux, mérite tout le respect possible et souffre les nombreuses visions. Un océan de bonheur.

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le 11 oct. 2014

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CeeSnipes

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