Lars von Trier met le paquet pour nous faire pleurer, et y parvient, bien évidemment. Dancer in the Dark est un film admirable, innovant et absolument poétique. C’est un film que j’adorais quand j’étais ado (et que j'aime toujours autant). Je l’avais découvert grâce à la participation de Björk, que j’aimais beaucoup (j’emploie le passé parce que ses premiers albums sont géniaux et les derniers sont juste mauvais et prises de têtes, à défaut de tous se ressembler en plus, du coup je ne suis plus aussi fan qu’avant).
C’est aussi ce film, apparemment, qui aurait fait péter les plombs à la chanteuse. Le tournage a été difficile. Mais le résultat est bluffant. Björk est sublime. Selma, son personnage est authentique, fragile, lunaire et rêveur, il nous touche au cœur. L’ambiance est dingue, avec des chocs esthétiques fascinants lorsque Selma part dans ses délires de comédies musicales. C’est bien évidemment, ce qui donne toute sa nuance et son efficacité au film. Les chansons, je les adore. Il n’y en a pas une qui me déplaît. Les chorégraphies et la mise en scène sont joliment trouvées. J’aime énormément ce film.
Je ne compte plus le nombre de fois où je l’ai vu, et je dois dire que je commence à voir les défauts (et ils me sautent maintenant littéralement aux yeux). Bien sûr, le rythme est lent, trop lent. Certains dialogues sont d’une futilité absurde. Mais, ce qui me dérange le plus, ce sont les va-et-viens de la caméra lors des dialogues, passant d’un visage à un autre d’une manière calculée, mais peu confortable. Alors je ne suis pas idiot, je comprends bien qu’il s’agit d’une sorte de marque de fabrique du réalisateur, mais cette habitude est trop insistante, et ça me dérange.
Mais les qualités sont si nombreuses que les défauts ne font pas le poids. On les oublie très vite au bénéfice d’une dimension dramatique hautement maîtrisé. Les malheurs de Selma sont si nombreux et prévisibles que ça peut paraître un peu racoleur par moment, mais en ce qui me concerne, c’est justement ça que j’apprécie dans ce film, l’omniprésence de la tristesse, dans le fond comme dans la forme et le contraste frappant du monde coloré et musical de Selma.
Ce film, je l’aime, pour sa puissance dramatique. C’est un gros coup de cœur.