En dépit de cinq chefs-d'œuvre intemporels, la Seconde Guerre a quelque peu modifié la ritournelle des productions Disney, enchainant les films de propagande et autres compilations de courts-métrages animés. Mais depuis Mélodie du Sud, Walt a voulu proposer des films en prises de vue réelles, histoire de s'aventurer vers d'autres horizons avec la firme. Sauf qu'avec du recul, les productions des années 40 sont celles qui ont le plus vieilli (bien plus que celles des années 70) et les « Classiques » qui compose la décennie ne sont pas les plus mémorables ni les plus recommandables.
Tiré du roman "Danny l'agneau noir" de Sterling North, ce long-métrage était initialement prévu pour n'être qu'un film-live mais la RKO, qui distribuait le film, imposa à Disney des séquences d'animation que ce fut le cas pour Mélodie du Sud. Le tournage fut donc retardé pour incorporer dix minutes de dessin animé placé ici et là non pas pour étoffer l'intrigue mais bel et bien pour la remplir de morales enfantines fort dispensables narrées par un vieil hibou calqué sur celui de Bambi. Quant au scénario, il aurait largement pu n'être qu'un court-métrage tant l'intrigue s'avère maigrelette au possible.
N'apparaissant qu'en première partie et en toute fin de bobine, le petit mouton noir du film, adopté par un garçon fermier de l'Indiana du début du siècle (le contractualisé Bobby Driscoll) et qui va participer au concours d'une foire pour gagner suffisamment d'argent pour sauver la ferme familiale de la faillite, semble avoir été oublié durant le tournage, l'histoire se focalisant sur le train-train de son jeune propriétaire et sur la vie en communauté des habitants de la petite ville. Ainsi, c'est pas qu'on s'ennuie mais entre une chanson improvisée au coin du feu, une autre autour d'un enclos et une balade en forêt, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent.
Confié à Harold Schuster (Mon amie Flicka, au script similaire), le long-métrage s'avère tout juste regardable mais malheureusement pas assez travaillé au niveau du coming-of-age ni sur la relation entre le petit Jeremiah et son animal de compagnie. Quasiment dénué d'humour, pas très passionnant en dehors de son final plus envolé et contenant des chansons country terriblement datées, Danny le petit mouton noir n'intéressera hélas que les curieux les plus âgés et non les enfants d'aujourd'hui qui s'ennuieront ferme. L'ambiance typiquement américaine et le peu de grandiloquence visuelle ont probablement empêché le film de sortir en salles chez nous et de débarquer plus de 50 ans directement en vidéo.