Matthieu (Romain Duris) rentre d’un voyage au Canada, où il cherchait de nouveaux moyens pour assurer une vraie vie à sa fille (Fantine Harduin), souffrant d’une maladie qui l’isole du reste du monde, au point de vivre dans une grande bulle de verre, dans l’appartement de sa mère (Olga Kurylenko). Soudain, un tremblement de terre a lieu, projetant dans tout Paris une brume toxique. Ayant réussi à atteindre le dernier étage que n’atteint pas la brume, Matthieu et sa femme trouvent un refuge. Mais leur fille, coincée dans sa bulle, est toujours en bas. Au milieu de la brume…
A chaque fois qu’on voit un film français tenter quelque chose de nouveau et réussir dans sa démarche, on a envie de crier au miracle. Mais il y a un moment où la récurrence du miracle va finir par le banaliser, et avoir un bon film français sur nos écrans deviendra à nouveau une habitude... Cette année, alors qu’Albert Dupontel a encore récemment ressuscité le drame en costumes avec son formidable Au revoir là-haut tandis que Laurent Tirard a tiré le comédie d’époque de l’oubli avec son plus modeste (mais réussi) Retour du héros, voilà que le québécois Daniel Roby traverse l’Atlantique pour proposer au cinéma français… un film de science-fiction ! Il avait déjà touché à une grosse production à travers la pénible série Versailles, mais avec Dans la brume, il passe à la vitesse supérieure en réalisant un premier film loin de la caricature historique susmentionnée.
De caricature, on n’en trouvera presque pas, dans son nouveau film, et si le drame familial auquel on assiste bascule parfois dans une légère mièvrerie (du genre « Dis, maman, quand est-ce qu’on sait qu’on est vraiment amoureuse ? »), celle-ci reste étonnamment réduite, au profit d’une écriture très rigoureuse des personnages. Ces personnages bénéficient en outre d’interprètes exceptionnelles au rang desquels Romain Duris et Olga Kurylenko, certes, mais également les impressionnants Michel Robin et Anna Gaylor, qui composent un couple de personnes âgées incroyablement juste et émouvant, touchant reflet de
ce que Matthieu et sa femme ne seront jamais.
Le soin apporté à l’écriture de ces cinq personnages principaux permet au spectateur de s’immerger complètement dans l’intrigue à leur côté, d’autant que la mise en scène alerte de Daniel Roby s’avère d’une beauté que n’égale que son efficacité.
Ainsi, en choisissant la voie du drame intimiste, le réalisateur donne une authentique valeur à ses scènes d’action ou de tension, valorisant des effets spéciaux très réussis et reculant toujours devant la tentation d’en faire des tonnes à la manière d’un Luc Besson. Ici, il maintient l’équilibre entre le drame et la science-fiction avec une maestria exemplaire, qui ferait presque de ce Dans la brume un cas d’école. En tous cas, cela suffit parfaitement à compenser des péripéties parfois quelque peu artificielles voire inutiles et une fin trop peu conclusive qui ne convainc pas tout-à-fait et dont le sens paraît bien caché, pour nous offrir un film captivant, parfait exemple de ce que le cinéma français devrait être aujourd’hui.