Antoine, à 40 ans, décide d'abandonner sur un coup de tête sa carrière de musicien. Il trouve ensuite un emploi comme gardien d'immeuble. Cela tombe bien parce que comme il dit « nettoyer, dormir et plus penser » il pourrait tuer pour ça. Et oui, sa meilleure amie à Antoine, répond au doux nom de « dépression ». Mais dans l'immeuble où il vient d'atterrir, Antoine n'est pas la seule personne qui va de travers. Au fil des jours, il se prend d'amitié pour Mathilde. Cette jeune retraité est très préoccupée par la fissure qu'elle a découverte sur le mur de son salon. Son angoisse s'accentue jusqu'à avoir peur que l'immeuble s'effondre. Quand son comportement devient irrationnel et qu'Antoine a peur qu'elle sombre dans la folie, il reste à ses côtés pour la soutenir. Tous les deux forment un tandem maladroit, drolatique et solidaire qui les aidera, peut-être, à traverser cette mauvaise passe.
Pierre Salvadori signe ici un film bien écrit et très touchant. Les deux acteurs principaux sont très bien choisit. On n'avait jamais vu Gustave Kervern dans un rôle pareil et il est parfait, tout en humilité et en sensibilité. Il interprète admirablement bien le rôle d'Antoine. Face à lui, la non-moins talentueuse Catherine Deneuve qui, elle aussi, joue dans la nuance. L'évolution de son jeu, en rapport avec les montées d'angoisses de son personnage, est faite toute en finesse. Les personnages secondaires, tels que Serge (Féodor Atkin), le mari de Mathilde, Stéphane (Pio Marmaï), le jeune voisin paumé et drogué vendeur de vélo et le voisin Monsieur Maillard (Nicolas Bouchand) par exemple apportent de l'épaisseur et du relief à l'histoire de cet immeuble.
Dans la cour, est un film qui prend son temps, comme Antoine. Il s'agit d'une chronique de la vie des gens ordinaires, avec sa dose d'humour, d'endives au jambon, de solitude et de détresse. Si la vie de nos protagonistes n'est pas toujours drôle, en revanche nous spectateurs passons un bon moment. On s'attache assez facilement à eux et on a envie de savoir s'ils vont réussir à s'en sortir.
Gustave Kervern est très émouvant. Catherine Deneuve, immense actrice, maitrise sa partition impeccablement et est aussi très touchante. Une sorte de spleen plane sur l'ensemble du film et c'est avec compassion que l'on regarde ses personnages s'épauler pour tenter de revenir sur le droit chemin. Pierre Salvadori signe une réalisation respectueuse envers ses personnages, sans jugement et sans verser dans le pathos.