Ce n’est pas la première fois que je me fais cette remarque mais, hormis quelques grands classiques, le cinéma des années 90 ne vieillit pas forcément très bien. Devant plusieurs pellicules dont j’avais conservé un excellent souvenir, j’ai souvent été bien déçu, notamment dans le genre policier/thriller qui était alors très à la mode. Dans la ligne de mire ne fait totalement pas défaut à la règle. Si le plaisir est intact de revoir Clint Eastwood en agent en bout de course mais teigneux comme un beau diable et si le duel qu’il livre avec John Malkovich est des plus savoureux, l’ensemble emprunte une route balisée archi connue et ne s’en écarte jamais. Aussi, du début jusqu’à la fin, le spectateur n’est-il jamais pris au dépourvu et suit-il sagement un canevas vu et revu. Dans mon souvenir, la tension était plus forte et les rebondissements plus spectaculaires.
Le résultat ne dépasse donc pas le cap du bon film, agréable à regarder mais totalement dépourvu d’originalité. La distribution fait beaucoup, quelques scènes (dont la poursuite sur les toits de la ville) sortent du lot mais la romance entre les deux agents est encombrante et l’ensemble manque parfois cruellement de rythme comme si le réalisateur refusait toujours que le film s’emballe. Le contexte ultra patriotique autour de « l’homme le plus puissant du monde » (sic) n’aide pas le film à s’affranchir de nombreux clichés. Celui-ci n’est cependant jamais meilleur que lorsqu’il se concentre sur la confrontation entre deux personnages, certes caricaturaux, mais qui fonctionnent à merveille.
Le spectateur a donc le choix entre tiquer devant les nombreuses failles d’un scénario cruellement basique ou se laisser entrainer par l’ami Clint qui, pour la première fois, laissait clairement apparaître ses faiblesses. Un divertissement très sympa, bien amené mais qui souffre du temps qui passe. De mémoire, je lui aurais collé un 8 mais, après l’avoir revu, mon cœur balance plutôt entre un bon 6 ou un petit 7.