Deux ans après une « Potiche » réjouissante et bien plus subtile qu'au premier abord, François Ozon frappe encore plus fort en signant ce « thriller littéraire » superbe et passionnant de bout en bout. Il est toujours savoureux de voir le cinéma français ambitieux et audacieux, mais lorsque c'est en plus au service d'une histoire remarquable et d'une mise en scène brillante, le plaisir est décuplé. Rares sont les réalisateurs aujourd'hui capables de créer, d'imaginer autant tout en ne se perdant jamais en digressions, en détails inutiles ou en prétention déplacée : Ozon le fait avec un talent incroyable, mélangeant avec une extrême habileté réalité et fiction pour nous offrir une réflexion fascinante sur le sujet.
En effet, « Dans la maison » garde en définitive plusieurs zones d'ombres, mais c'est pour le meilleur tant tomber dans la démonstration aurait considérablement alourdi l'œuvre, l'ambiguïté de plusieurs situations et des deux personnages principaux étant toujours un régal pour le spectateur, partagé entre malaise réel et plaisir presque pervers, obligé de jouer les voyeurs contré son gré... L'expérience est inoubliable, royalement interprétée et confirme le talent hors-norme d'un réalisateur aussi manipulateur qu'éblouissant : assurément l'un des très grands moments de l'année 2012.