Le très prolifique et surtout versatile Guillaume Nicloux (au moins un film par an et capable de passer par tous les genres, du drame à l’horreur ou à ce genre de projet presque expérimental) revient avec un troisième film autour de l’écrivain très polémique Michel Houellebecq. Le cinéaste conclut donc ici une trilogie entre deux projets disons plus cinématographiques. Comme si tourner ces films était une sorte de récréation ou de thérapie pour le cinéaste entre deux long-métrages plus classiques et exigeants. « Dans la peau de Blanche Houellebecq » prend donc encore la forme d’un drôle de mélange entre documenteur, film de fiction et reportage autour du célèbre et controversé romancier après le sympathique et farfelu « L’enlèvement de Michel Houellebecq » et le drôlissime « Thalasso », le plus réussi des trois qui voyait le monsieur passer un weekend dans un centre de balnéothérapie nordiste avec Gérard Depardieu.
Dans ce troisième volet, le prétexte est tout aussi tordu et loufoque que pour les deux précédents si ce n’est plus : Houellebecq doit partir quelques jours en Guadeloupe pour assister à un concours de sosies de lui-même présidé par Blanche Gardin. Le script mélange donc encore une histoire à dormir debout et des personnages célèbres qui jouent leur propre rôle mais, cette fois, cela fonctionne moins que pour les deux précédentes. En effet, e côté amateur et bordélique est tellement poussé à son paroxysme dans celui-ci qu’il semblerait presque que « Dans la peau de Blanche Houellebecq » ne soit pas terminé et encore en cours de montage et d’écriture. Ce collage de séquences sans véritable fil conducteur risque d’ailleurs d’en laisser pas mal sur le bas-côté, surtout que les références aux deux précédents sont tout de même fortement présentes. Et, surtout, on rit beaucoup moins que sur « Thalasso » et le côté loufoque et décalé passe moins bien ici.
Cependant, même si ce nouvel essai de Nicloux, qui flirte encore une fois presque avec l’expérimental ou l’essai, s’avère décevant cette fois il y a tout de même de bonnes séquences qui nous amusent. Les répliques sur le racisme et le colonialisme font mouche, la première séquence avec Jean-Pascal Zadi et Françoise Lebrun est très bonne, la mine éteinte et les mimiques de Houellebecq sont impayables pour qui est client et le peps de Blanche Gardin et son humour pince-sans-rire sont parfaites dans cet univers et s’accommodent bien avec l’écrivain (même si son duo avec Depardieu demeurait bien plus impactant). Le film étant court, on passe tout de même un moment correct devant cet objet complètement azimuté et unique dans le paysage cinématographique français. Mais un peu plus de finitions et moins de laisser aller sur l’écriture, le montage et tout le reste auraient dû être de mise. Ou alors les blagues les plus courtes sont les meilleures et il serait temps d’arrêter avec ce délire qui lorgne du côté du cinéma de Délépine et Kervern en moins abouti et plus bordélique.
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