[Critique écrite en Novembre 2007]
Plus qu’un film sur le conflit Irakien, Dans la vallée d’Elah parle d’une Amérique dominée par ses convictions, ses idéaux patriotiques et sa naïveté face aux ravages psychologiques produit par la guerre. Ainsi, par l’intermédiaire de Hank – campé sobrement par un Tommy Lee Jones au charme eastwoodien – qui est un ancien soldat du Vietnam considérant la guerre comme un moyen courageux et essentiel de renforcer son appartenance au pays, Paul Haggis nous fait découvrir les aléas du conflit (grâce notamment aux vidéos de portable du jeune soldat), mais principalement ses répercussions sur les consciences, détruites dès le premier jour de combat. L’enquête sur la disparition du jeune homme n’est qu’un support basique pour nous amener à une réflexion plus subtile, remettant en question les bonnes consciences républicaines. C’est donc une démarche antimilitariste intéressante, qui même si de facture classique et parsemée d’effets de mise en scène symboliques superflus (comme la mise en berne du drapeau étoilé), préserve son impact humaniste et pédagogique. Au final, on peut d’ores et déjà imaginer que Hank ne racontera plus son histoire sur David & Goliath de la même manière. Paul Haggis reste dans un univers post 9/11 mais change d’axe et offre l’un des premiers films sur les conséquences viscérales d’une guerre qui n’a probablement pas fini d’occuper les écrans de cinéma.