On est bien content de voir Vincenzo Natali de retour et donc aux manettes de cette adaptation de Stephen King. Une nouvelle du prolifique auteur qui joue sur une certaine claustrophobie en plein air puisque le récit se déroule dans les hautes herbes comme le récit l’indique et donc colle au premier film du cinéaste, « Cube » où un groupe d’individus se retrouvait coincé dans une prison faite de… cubes. Certes on aurait préféré un scénario original à voir sur le grand écran de la part de l’homme qui nous a offert ce classique immédiat de science-fiction en espace confiné. Un chef-d’œuvre dès le premier essai dont il aura du mal à se remettre tant ses films suivants n’auront pas le succès artistique et commercial escompté en dépit de leurs qualités certaines (« Nothing », « Cypher » et « Splice »). On retrouve avec « Dans les hautes herbes » ce qui a fait le succès de « Cube » mais sans la maestria d’il y a vingt ans, comme si le cinéaste avait dès son premier film livrer toutes ses cartes, un peu comme le Richard Kelly de « Donnie Darko ». Pourtant il y a du très bon dans « Dans les hautes herbes » et une manière de filmer irréprochable, un sens visuel aiguisé, qui laisse à penser qu’il en a encore sous le capot mais que son talent technique n’a pas su trouver ici le matériel le plus adéquat.
La première partie et notamment les premières séquences sont particulièrement anxiogènes et stressantes. Natali tire parfaitement profit de l’espace particulier et restreint que constituent ces champs sans fin. On pense un peu à « Signes » mais aussi à « Les Enfants du maïs » du même auteur. On est intrigué et on a fortement envie de savoir le fin mot de l’histoire quant à ce mystère. L’idée de la perte des repères spatio-temporels est bien usitée, l’atmosphère devient de plus en plus étouffante à mesure que progresse le récit et la musique et certaines images confèrent à « Dans les hautes herbes », un aspect étrange, presque poisseux, particulièrement délectable. On est en revanche un peu moins emballé par la seconde partie. En effet, et peut-être parce que c’est le texte original qui veut cela, le scénario tourne autant en rond que les personnes et il y a trop de scènes dans la pénombre qui, si elles cristallisent peut-être plus la terreur, ne sont pas toujours bien lisibles. En gros, cela devient un peu redondant et hystérique. Quant à la résolution, on pourra lui reprocher de laisser bien trop de choses en suspens dont le pourquoi du comment de cette fameuse pierre, cœur du récit. Après c’est le propre du fantastique que de ne pas tout expliquer et c’est à prendre ou à laisser. L’interprétation est correcte mais la psychologie des personnages reste sommaire comme souvent dans ce type de films. On a néanmoins le droit à quelques séquences bien mémorables visuellement ou dans l’aspect gore. En somme, « Dans les hautes herbes » est distrayant et intrigant mais ne restera pas non plus dans les mémoires.
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