Dans Paris est un concentré du style de son réalisateur Christophe Honoré : histoires d'amour plurielles, dévastatrices autant que légères, ton décalé très théâtral, dialogues surécrits, montage aux relents de Nouvelle Vague, portrait de la capitale tout autant qu'autoportrait discret, esthétique homoérotique, chansons, ...
En brisant le 4ème mur et en plongeant dans une histoire confuse et brouillonne, il désarçonne d'abord son spectateur dans sa première partie, qu'on pourrait aisément dire prétentieuse et trop au fait de sa gravité, le noyant dans une mosaïque en ellipses bavarde et pénible.
Il faut donc attendre la suite du film pour voir sa mise en scène s'émanciper et se libérer dans tout ce qu'elle a d'enfantin (rappelant parfois les jeux de Godard et Truffaut), s'amusant au rythme de la journée mouvementée du toujours subtil et drôle Louis Garrel (aux faux airs ici de Jean-Pierre Léaud).
On y verra alors trois beaux portraits d'hommes (un père et deux frères) qui avouent leurs fragilités et leurs fêlures, offrant notamment de très justes moments de vérité et de complicité (une étreinte furtive entre père et fils - Romain Duris et Guy Marchand, particulièrement touchant en père bourru et maladroit -, une nuit d'honnêteté entre frères, ...), et la description de relations familiales et amoureuses, un moment hystérique et violente, l'instant d'après douce et apaisée, égoïstes, lâches, manquées, en yoyo ("Je te parlais d'amour, tu me parlais de parapluie").
Au détour d'une chanson de Kim Wilde, Honoré nous y parle, en s'y livrant, de la virilité blessée par l'amour, de cette maladie qu'est la dépression, sur un ton autant frivole que grave.
Déconcertant parfois, touchant souvent.
"On meurt toujours de tristesse."