Gérard Depardieu dans un rôle-titre taillé sur mesure, recourt à son mélange de brutalité et de sensibilité. Un biopic retraçant la rivalité meurtrière entre Georges Danton et Maximilien Robespierre.
C'est pictural, la lumière rembrandtienne, les décors, costumes historiques, créditent le film d'une patine d'époque. Pourtant c'est l'atmosphère (sur fond d'orchestre philharmonique) oppressante et dissonante qui traduit au mieux le contexte. Contexte de Terreur, contrôles d'identité à tous les carrefours, perquisitions et arrestations orchestrées par la dictature révolutionnaire, intrigues, trahisons, complots. Wajda filme une ambiance.
La rivalité Maxime/Georges alimentée par les faits d'armes et la popularité grandissante de Danton, passionne, chavire le cœur, devenant nauséeux. Danton, l'aimé du peuple, mélange de force et de finesse, qu'incarne Depardieu. Robespierre, exécré, diplomate, autoritaire, mélange de fanatique sanguinaire et de rhéteur habile. Deux aimants, deux forces poussées irrésistiblement vers leur annulation. "Tu entres dans l'histoire !" Comme une lettre cachetée, la destinée tient à une tête séparée du tronc.
Danton, magnifique déchu pendant son procès, joute verbalement avec l'inquisiteur absent. Magnifique scène du dîner : finesse de la parole, brutalité des actes. Danton, élément perturbateur de l'ordre révolutionnaire, tyrannie, révolution, tyrannie, révolution...
Danton est un film fluidifié par la parole, constamment rompu à l'art oratoire, que l'acteur fétiche Depardieu sublime de sa palette expressive, ponctuée de cris, de joutes, d'extinction vocale. Un super film sur une période controversée signé de la main d'un grand.