Ce film franco-polonais m'avait surpris à l'époque de sa sortie car je me demandais ce que des Polonais pouvaient bien connaître à l'Histoire de France (le film est adapté d'une pièce polonaise, et plusieurs personnalités polonaises ont participé à l'adaptation et au scénario, même si le Français Jean-claude Carrière est impliqué dedans). Faut dire qu'à l'époque, je me foutais totalement de la politique en France, et encore moins de la politique étrangère, aussi en devenant plus adulte, j'ai compris un peu mieux le choix d'Andrzej Wajda.
C'est un film historique certes, qui traite surtout de la Terreur, période la plus sanglante de la Révolution française, et du rôle que Danton y a joué, en opposant les modérés symbolisés par Danton, et les ultras symbolisés par Robespierre. Les 2 personnages sont à peu près conformes à l'image historique, à savoir un Danton plus près du peuple et souhaitant la fin de la Terreur, et un Robespierre rigide et assoiffé de sang. Mais le film s'écarte des fresques historiques plus lyriques ou hagiographiques de certains réalisateurs français, pour s'intéresser à la mécanique impitoyable des procès politiques. Ceci a pour effet d'affadir un peu le sujet qui reste assez plat et guère captivant, mais ce que j'ai aimé à moitié, c'est que Wajda se serve de cette période historique française pour dénoncer ce qui n'allait pas dans son pays en 1982, il utilise Danton pour en faire un porte-parole de Solidarnosc, en gros, Danton c'est Lech Walesa. Ramener ce propos d'actualité à la Révolution française me semble audacieux et déplacé, enfin moi je n'ai pas trop apprécié ça, j'aurais préféré un propos plus proche de l'Histoire de France, avec de vrais enjeux humains, pas des symboles. Ceci dit, on peut toutefois s'intéresser au film si on arrive à faire abstraction, le casting franco-polonais est en plus bien porté par Depardieu et Wojciech Pszoniak qui sont parfaits dans leurs rôles respectifs de Danton et Robespierre, et la direction artistique est remarquable.