Il ne me manquait que Dark Star pour boucler la filmographie de John Carpenter, je l’ai enfin vu et c’est... surprenant. Ce n’est pas le coup de génie d’un jeune réalisateur, mais le court métrage de fin d’étude d’un étudiant surdoué, qui obtint une rallonge de 60 000 dollars pour le rendre exploitable en salle. Il plut, collectionna les récompenses et lui permit de réaliser, deux ans plus tard, le fabuleux Assault. A star was born.
Dark Star nous est vendu comme une comédie potache. Pub mensongère, car l’inspiration est clairement dramatique et absurde. L’auteur avoua avoir tourné un remake astronautique de En attendant Godot.
Dans un futur proche, un vaisseau est envoyé nettoyer les confins de l’univers de leurs planètes instables afin de préparer les systèmes solaires à la colonisation. Un job d’éboueur pénible et peu objectivement peu valorisant. L’équipage est à l’avenant et le vaisseau se déglingue dans l’indifférence du QG qui lui refuse tout appui supplémentaire.
Que deviennent quatre hommes après vingt années d’errance en huis clos ? Ils pètent les plombs. Ils jouent avec un fusil, s’abiment dans contemplation du vide, apprivoisent un aIien ou sombrent dans la schizophrénie. Plus qu’un space opéra à la Star Trek (1966) ou à 2001 (1968), Carpenter nous livre une série de sketchs. Vous apprécierez le dialogue avec la bombe n°20, la lutte contre l’extra-terrestre bondissant (une idée qui, retravaillée par le coscénariste Dan O'Bannon, donnera Alien (1979)) ou la visite au capitaine en demi-vie (un emprunt à Ubik). Si d’aventure, vous vous ennuyez, prenez patience, la fin est jubilatoire.