Quand on s'apprete à regarder un film de Carpenter, c'est toujours la même question qui taraude notre esprit : le délire sera t-il suffisamment bien réalisé pour qu'il franchisse ce plafond de verre qui différencie un nanar d'un film culte ?
Carpenter a toujours eu le brio de m'étonner dans le bon sens. Ses grands films (Thing, Escape from NY, Invasion of LA) comme petits films (Big Trouble in Little China, le Village des Damnés, Escape from LA ou encore Vampires) me restent systématiquement en tête...
Carpenter amène toujours ses films à l'impalpable limite qui sépare le chef d'oeuvre du nanar. Un équilibriste de pure génie, qui rend chaque film singulier par ses délires et idées et modeste sur ses moyens.
Dark Star est ici une déception pour moi : je m'y suis ennuyé autant que ses personnages quand ces derniers vaquent dans leurs quartiers personnels.
Présenté comme un pastiche de 2001 l'Odyssée de L'espace (un équipage relativement négligeant qui lutte contre un vaisseau défectueux sur tous les niveaux et avec des intelligences artificiels avec plus de personnalité que les êtres humains)... ça pourrait marcher, si le film n'était pas aussi lent.
Les péripéties de Pinback avec sa Chose et l'ascenseur sont marrantes 2 minutes... mais le gag devient trop long... voir lourdingue. Carpenter ne parvient pas à y instiller une adrénaline nécessaire pour susciter un srmblant de suspens dans ce genre de scène.
Mais voilà... qui l'eut cru ? Le maitre de l'horreur et du suspens... a commencé comme tous les autres : comme un débutant.
Carpenter touche avec Dark Star des trouvailles intéressantes
- le contexte de la mission de l'équipage, très ludique et décalé. Une bande de destructeurs de monde qui sont juste blasés de leur boulot.
- ce centre de commande claustrophobique superbement mis en scène. Je regrette presque que les personnages n'y restent pas pendant tout le film.
- ce 4eme mousquetaire solitaire qui regarde l'espace avec ses rêveries.
- les IA (celle du Vaisseau et celle de la Bombe 20) qui tergiversent sur l'existence.
- ce final, très bon... il sauverait presque le film et son propos.
- les écrans sur moniteur... j'ai toujours été sensible à ces bon vieux moniteurs qui crachent ce vert infâme de leurs pixels des années 70.
Mais le reste est trop vide.
Les décors du vaisseau sont froids et sans âme, l'histoire manque de rythme, d'enjeu...
Le film en devient laborieux... et heureusement, sa fin et son cadrage final m'ont fait sourire.
Si je devais retenir le plus grand achievment de ce film, ça serait de prouver que de bonnes idées ne suffisent pas à faire un bon film.
Le coup de génie, Carpenter le fera le film d'après avec Assaut... qui pour moi sera la pierre fondatrice de toute sa carrière.
Mais bon... le plus important c'est que John et Dan O Bannon s'y soient amusés.