FMV the movie

(Critique sans spoilers)

Film vu pour l'occasion de la session Ciné Club (V.H.S') sur le thème des pépites oubliées. Pour ma part ce fut la découverte totale. J'ai cru comprendre que le film était soit, tiré d'une nouvelle de Lovecraft, soit il était une forme d'inspiration libre, un truc comme ça... Je me suis dit «Chouette ça va me plaîre, je ne dis jamais non à ce genre d'histoires!» Vous vous imaginez plonger dans l'angoisse des délires Lovecraftiens avec le folklore et tout le tremblement. Le film se situe plutôt à mi-chemin entre ça, et un film de débrouille des années 1970 (pour rappel il est sorti en 1993).

INTRO

Autant être direct, je ne me situe pas dans la branche "fans de films maladroits" (je ne m'aventure pas à dire nanars, je m'y connais si peu !), il y a très peu de ces films qui parviennent à réellement me toucher. Je peux en rire, passer un bon moment, mais dans le fond il m'en faut plus pour dire "OUI". Et ce n'est pas sale ; beaucoup de réalisateurs entre les années 70 et 90 ont joué la carte du passioné fauché, ça ne les a pas empêchés de créer des films, ni les fans du genre de les apprécier. J'ai trouvé quelques points très intéressants qui méritent qu'on regarde Dark Waters. Une fois accepté & signé le contrat de ce que l'on regarde, on peut analyser le jeu d'acteurs, ou bien la finesse du scénario, la qualité des dialogues, l'intention donnée aux scènes clés du film, bref des aspects qui ne sont pas totalement dépendants du budget.

Et sur ces points... c'est pas jackpot du tout :/ Le film m'a fait à moitié rire, et à moitié chier. Dans Dark Waters, le traitement des scènes, la réalisation, tentent de recréer une ambiance un peu similaire au Nom de la Rose, mais avec la candeur d'un jeu en FMV (Phantasmagoria, ou Fort Boyard: La Légende pour donner un exemple), autrement dit le film transpire de maladresse et on croit vraiment très peu à ce qui est montré à l'écran ; le développement de l'histoire est brouillon malgré le scénario pourtant ultra-simple et j'ai réussi à me sentir largué. Sur 1h30 de film je trouve ça long (et on ne m'a pas diagnostiqué de troubles TDAH).

AMEN

Pourtant le fruit (défendu, lol) n'est pas complètement pourri ; La musique est assez souvent brillante, belle et envoûtante, elle rajoute un charme certain aux scènes ; les plans sont posés (et j'ai toujours aimé les plans qui prennent le temps d'installer une ambiance) ; la lumière est pas trop mal gérée pour un film plongé dans l'obscurité (beaucoup de plans avec des torches, ou bougies) ; le design des personages est assez bien fichu, on sent qu'il y a eu de la recherche dans les costumes et le maquillage ; et pour finir quelques effets spéciaux (et je dis bien QUELQUES-uns) sont faits avec grand soin, et c'est appréciable.

VADE RETRO

Dès les premières minutes, le film n'a vraiment pas peur de nous montrer ses talents d'improvisation avec des bouts de ficelle, mais ça je l'ai évoqué plus haut ; je le place avec les points négatifs car je pense que ça peut en faire fuir plus d'un. Moi on m'a pris en otage pour les besoins d'une émission sur le cinéma, alors je n'ai pas eu ce privilège (#second_degré #humour) Et si on en soustrait le début, le restant de pellicule ne sauve pas la chaloupe...

Tout est très brouillon, paradoxalement compte tenu de la simplicité du scénario. On peut avoir du mal à comprendre ce qui se passe, alors qu'il ne se passe rien, et ne comptez pas trop sur les dialogues pour faire avancer la chose (et puis les vieux, c'est mystérieux... Perceval nous l'avait bien dit !!§!) ; Comme y a pas trop de dialogue, on ne comprend rien de l'intrigue, ni la hiérarchie entre les personnages, ni leur rôle pour la plupart d'entre eux, ce qui aiderait par exemple à apprécier... le film.

Niveau technique :

Le cadrage et montage font très amateur ; les personnages font souvent la pose sur des plans d'exposition où il n'y a rien à lire (et je dis bien : à LIRE. Je ne sais pas ce qu'on est censé apprendre d'eux avec leur tronche en plein milieu de l'écran, c'est une mise en scène digne d'un photomaton...) ; Parfois on détourne les yeux 1 seconde et on a loupé la frame où le scénario avançait ; On ne comprend pas toujours qui sort d'où ni dans quel endroit de l'île on devrait se situer ; Sympa de répéter les mêmes scènes d'exposition pour allonger la durée ; LA MUSIQUE SE COUPE ENTRE DEUX PLANS §§§11 (sur certains films c'est un effet de style et ça s'accorde avec la narration, alors qu'ici excusez-moi mais c'est pas maîtrisé) ; Certains props sont vraiment bas de gamme (exemple : le talisman de pierre qui casse au début et on s'aperçoit qu'il est fait en plâtre... ça m'a choqué mais j'ai rigolé donc ça passe).

Pour finir :

Vive la répétition de bandes sonores qui agaçent (trigger warning : ce film présente des cris de bébés) ; Les rares scènes d'action sont vraiment kitch (dans la veine des films de débrouille des années 1970) ; L'héroïne est molle du cul et ne m'a pas fourni de capital empathie ; Et enfin, faut croire que le russe est une langue qui fait peur (et je n'en dirai pas d'avantage même sous la torture).

CONCLUSION

Malgré tout ce que j'ai pu en dire, je suis sûr qu'il plaîra aux amateurs hardcore de Lovecraft (les produits cinématographiques), ainsi qu'aux amateurs de kitch, de films cousus avec les moyens du bord. Y a une ambiance pas dégueue, mais je déplore que le script, les dialogues ou simplement le montage n'aident pas à compenser le manque de moyens.

Note: Captain Igloo /20