(Critique sans spoilers)
Après un premier visionnage, j'ai trouvé cette première saison relativement banale, à l'image d'une production qui n'allait certainement pas plaire aux puristes de la saga d'origine (les livres d'Asimov). À la rigueur, je comprenais que ça plaise aux néophytes (un peu à l'image de la débâcle autour de la série The Witcher, quoique là même des puristes sont ravis... bref tant mieux pour eux...)
Je ne me suis pas aperçu tout de suite que cette série n'était vraiment pas bien. Puis je me suis remémoré des scènes, des événements ou dialogues, j'ai fait quelques recherches de contexte et j'en ai tiré la conclusion que, fatalement je vois mal où tout ça va mener (dans le mur?).
Avertissement : Ce pavé de texte sera un peu long, et je ne prends PAS de plaisir à détester une oeuvre. Je ne voulais PAS m'énerver devant cette série car j'éprouve un certain respect pour l'oeuvre originale d'Asimov, quand bien même j'ai lu les deux premiers tomes et que j'ai peine à m'en souvenir (Prélude ainsi que le premier Fondation). Donc je pars en terrain semi-dégagé avec cette adaptation à l'écran, ça avait l'air très soigné et intéressant...
Prélude au Fondement
Deux constats préliminaires :
Déjà on oublie les citations de l'Encyclopedia Galactica, au profit d'une narration voix off de Gaal Dornick qui raconte sa vie. Choix douteux de se focaliser sur un personnage précis, car l'intérêt de Fondation réside dans la pluralité des histoires individuelles. Mais bon c'est pas trop grave, et je laisse couler...
(Deuxième constat) Jusqu'à ce qu'arrive (à moins de quatre minutes de l'épisode 1), la première scène présentant le Sanctuaire et qu'une fille dans un groupe d'enfants commence à proposer qu'on lui touche ses nichons (OUI OUI C'EST VRAI). Ceux qui n'ont pas vu, imaginez que c'est comme ça qu'on vous introduit dans LA SAGA, alors que ça n'a aucun rapport avec le ton qui sera employé tout le long de la série... Alors j'imagine qu'il y a un étrange hommage rendu à Isaac Asimov qui était (d'après mes recherches) un sacré harceleur en public. Mais pourquoi des enfants ? Je ne comprends pas le message (je l'ai dit, ça n'a aucun rapport avec l'oeuvre ?!).
L'empire d'Anaétron
«Non mais le message de fond, on s'en fout non ? Ce que veut le public ce sont des petites histoires de gare avec des enjeux simples, du symbolisme. Les spectateurs ne veulent pas réfléchir, ils veulent réagir.» — Dialogue entre deux scénaristes adeptes de l'école de la bienpenseance, Encyclopedia mongolita.
Vue d'ensemble : quand on retrace le fil de ce qui est raconté à l'écran, ça se voit qu'Apple TV + a envie de grapiller de l'audience en piochant dans les tendances du moment (les idées progressistes mal amenées). Mais parlons franchement, entre nous : Est-ce que vous trouvez ça si gratifiant de manger des histoires écrites par des imposteurs qui n'ont certainement rien à foutre de vous, que vous soyez femme ou homme. Qui ne cherchent pas à véritablement améliorer un récit devenu trop vieux pour être entendu. Qui vous donnent juste des os à ronger pour vous maintenir dans le confort du prétendu "empowerment", qu'on vous dilue des dogmes à la con qui ne feront jamais avancer ni la culture, ni l'humanité dans un sens plus large, tout en se permettant de foutre en l'air une oeuvre qui elle, a permis à l'humanité de progresser ?
Au mieux, cette série Fondation part sur une très mauvaise écriture, et c'est à peine un divertissement éphémère. Les concurrents font mieux. Au pire, cette série est une insulte sur bien des aspects et ce sera une image négative à rajouter au tableau, aux côtés d'autres grands de la S.F.
Aigri Seldon
«Fondation a été écrit par un sale sexiste ; maintenant qu'il est mort on va pouvoir réécrire son histoire – où oserais-je dire... sa psycho-histoire !! (rires convulsés)» — Les deux mêmes crétins rédigeant la recette de la vengeance par appropriation culturelle, Encyclopedia mongolita.
Quand on saisit le potentiel que pourrait avoir une adaptation de Fondation, et ce qui est montré à l'écran, pardon mais vous méritez TOUS mille fois mieux. «Alors voyez-vous, Fondation fait partie de ces sagas impossibles à adapter...» BIEN SÛR QUE SI, c'est leur putain de métier d'adapter un récit pour en garder l'essence et le faire tenir dans un format Série. Voir même éclaircir des zones non-explorées, ce qu'ils ont tenté de faire avec les origines de Salvor Hardin, et ça aurait pu donner lieu à des propos intéressants, complémentaires, salvateurs pour le bien du propos.
Mais bon, vu qu'il (elle) est exploité d'une façon "surprenante", l'intérêt prend une direction radicalement opposée avec l'essence du propos de Fondation. Les scénaristes ont rendu les enjeux de l'histoire trop fins, trop faciles, en donnant des "pouvoirs" aux personnages phares. Ils vont avoir du fil à retordre pour une éventuelle suite... est-ce que ça valait la peine de changer tous les personnages et événements ? Ils vont où avec cette série ?
Eto Demi-Sel
«Tu vois John Bob, si tu veux transcender l'oeuvre originale, tu dois opposer des femmes modèles de vertu aux hommes arrogants !» — Mary Sue, s'adressant aux hommes blanc fragiles et colonisateurs, Encyclopedia mongolita.
Gaal Dornik ou Eto Demerzel, pareil. Tiens donc, ne seraient-ce pas des rôles "gender-swappés" (changement de sexe) ? Et qu'on-t-ils en commun : ce sont des archétypes de perfection, qui résolvent les problèmes des hommes pas-gentils à coup de baguette magique. T'en a même une qui admet à voix haute plusieurs fois, qu'elle est l'héroïne de l'histoire, bah putain fallait oser. (C'est pas dit avec ces mots, mais c'est tout comme...). Allez, j'accorde UN bon point à la matheuse de service, qui utilise ses connaissances pour se tirer d'une mauvaise passe. Juste une fois (au chalet).
Parce que voilà que les personnages masculins (dont Hari, les empereurs et d'autres) sont soit des gros connards, soit "paraissent" pour des connards, sont arrogants et détestables, ou juste de grosses chèvres bonnes à suivre les "vrais" héroïnes de l'histoire. On est en face d'une guéguerre monochrome "hommes méchants" contre "femmes gentilles". Ah super, je trouve cela très original et inspirant dans cette saga. C'était du sarcasme...
Salvor Radine
Je peux concevoir qu'une oeuvre vieille de 50 ans soit "modernisée" pour le bien d'une nouvelle audience. Je ne me plains pas de la prise de libertés, sauf que là t'as zéro méthodologie, zéro message de fond. Les dialogues sont bien en-dessous de l'élégance dans les livres, les situations sont peu crédibles (faut voir les scientifiques à l'oeuvre), y a des passages à mourir d'ennui (pas juste "atmosphériques"... nan nan, on se fait CHIER pour de bon ; genre les scènes de conflits sont molles, ou ridicules), les scènes clés sont réglées à coup de Deus Ex Machina pour la plupart... enfin merde qu'est-ce qu'il reste de Fondation au final ? Oh ouais c'est joli... putain de merde c'est tout ce qui importe de nos jours, que ce soit joli.
Tout ça pour gonfler un peu le rayon de chez Apple, pour faire comme les petits copains qui détiennent The Expense et The Mandalorian, et une fois le pied dans la porte, cette série va crever dans les bras du studio à cause du manque d'organisation / rentabilité, et ce sera encore un projet foutu en l'air. Voilà l'hommage rendu à la grandeur de Fondation. On retire des pierres au lieu d'en rajouter...
Note de fin
Parfois je me demande si les scénaristes sont conscients de produire des insultes à la culture en plus de chier dans le cou d'un artiste mort. Je sais que d'après multiples témoignages (il en faisait sa réputation) Isaac Asimov était perçu en public comme une bête à cornes, peloteur de dames, amateur de commentaires déplacés. Je comprends qu'on en veuille à quelqu'un pour son comportement indigne, mais je pense aussi qu'il faut savoir séparer l'artiste de la personne. Et qu'à moins qu'il ne soit un criminel ou un psychopathe (genre, Charles Manson ou Adolf Hitler), je trouve ça très malsain cette façon qu'on a de nos jours de partir à la chasse aux "oeuvres mascus", dans le seul prétexte qu'ils contiennent un traitement inférieur des personnages féminins. Alors nous y voilà, on a quelques mécontent-e-s qui se vengent parce que les parts de gâteaux n'ont pas été équitablement réparties, comme s'il devait y avoir une standardisation de la créativité (LOL). Tout ça dans le but de détruire, de déconstruire ces oeuvres, et jamais d'améliorer ni de réparer le propos, ou d'ajouter du créatif, de l'évolution, de la maturité.
«Le problème du déconstructivisme dans l'art, c'est qu'il ne "créé" point, il ne fait que s'accaparer une oeuvre pour la niveler par le bas. C'est de la zombification culturelle.» — Ça c'est moi qui le dit.
Et dire que ce torchon de scénario a été validé par la fille d'Isaac, Robyn Asimov.
RIP le respect /20