Un brillant généticien, Peyton Westlake, met au point une peau synthétique presque parfaite. Un soir, il se fait agresser dans son laboratoire par les hommes de main d'un gangster. Dorénavant défiguré, il continue ses recherches en vue d'une vengeance.
Avant d'être le réalisateur des premiers SPIDER-MAN, Sam Raimi a surtout été le chantre d'un cinéma horreur, un peu malgré lui. Il faut dire que, transformer l'essai après un tonitruant EVIL DEAD n'était pas chose aisée et parvenir à convaincre aussi bien le public que la critique que le monsieur était capable de tâter d'autres genres était une gageure qu'il a mis du temps à relever. Et avec ce DARMAN, il s'agissait pour lui, ni plus{Photo 2 de Darkman} ni moins que de prouver qu'il était prêt à rentrer dans la cour des grands, plus de dix ans avant de tâter du blockbuster super-héroïque.
En effet, si, pour la jeune génération, Sam Rami est avant tout le réalisateur de la trilogie sur le Tisseur, il est avant tout connu pour un petit film d'horreur devenu culte, le bien nommé EVIL DEAD de 1981. Il s'est ensuite essayé à la comédie (MORT SUR LE GRILL), le western (MORT OU VIF) et même le thriller (UN PLAN SIMPLE), rien n'y faisait, pour le spectateur lambda, son nom restait attaché à sa première pelloche. Et pourtant, le bonhomme a bon nombre d'influences en tête et ce DARKMAN en est une parfaite illustration : déjà, on pense pêle-{Photo 3 de Darkman} mêle au FANTÖME DE L'OPERA (un chanteur d'opéra défiguré se cache au point de se faire passer pour mort, ici Westlake, brûlé au ¾, se réfugie dans une usine désaffectée) et à FRANKENSTEIN (le Docteur homonyme cherchant son salut dans ses expériences, il en est de même pour notre héros avec sa peau de synthèse) même si c'est surtout à une origin-story de super-héros auquel le long-métrage renvoie.
Ne serait-ce le titre (n'importe quel mot suivi du suffixe MAN suffit pour évoquer un individu avec des super-pouvoirs) et la présence d'un Danny Elfman à la musique (le thème de BATMAN période Burton, c'est lui) suffissent à donner le ton. Rajoutez à cela quelques éléments super-héroïque{Photo 4 de Darkman} s (il ne change pas seulement de visage avec ses masques, mais carrément de physionomie, on n'est donc plus proche d'un super-pouvoir que de la science ; un vêtement qui s'apparente à un costume avec ce long manteau qui a des faux-airs de cape ; etc.), ses personnages secondaires excentriques (Larry Drake et son coupe-cigare, c'est toute une histoire), des plans conçus comme les cases d'un pulp (une technique que Sam Raimi réutilisera pour sa trilogie sur l'homme-araignée), jusqu'au speech final (« Je suis tout le monde et personne,etc ») et vous obtenez une savoureuse ambiance de comic book movie.
Alors, évidemment, à une heure où les univers des comics explosent sur grand écran, via les productions Marvel, DARKMAN apparaît aujourd'hui bien daté (le numérique n'avait pas encore fait sa révolution, donc les incrustations hasardeuses, ouch !) et manquant d'ambition : le badguy est une sorte de sous-Lex Luthor et ne dépasse pas ce stade. Mais il faut bien prendre conscience que, en ce temps-là (on rappelle que nous sommes dix ans avant le SPIDER-MAN du même réalisateur), les amateurs de comic-book se contentait à merveille de ce type de production. Du coup, même si DARKMAN a un peu souffert des affres du temps, le film reste, au pire, le haut du panier, au mieux une petite perle.
Ma chronique sur Sueurs Froides