Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n'y est pas...Si si, j'suis là... Arrrrrrrrggghhh!
Un petit groupe de citadins décide, accompagné d’un guide tout ce qu’il y a de plus guide (chapeau de cow-boy, clope au bec et regard enjôleur destiné aux jeunes demoiselles), d’aller se ressourcer lors d’un trek de quelques jours en montagne. A peine sont-ils partis que la ville qu’ils viennent de quitter est mise en quarantaine et évacuée : une dégradation de la couche d’ozone engendrée par les diverses pollutions émises par l’homme, rend les animaux agressifs, qu’ils soient à la base sauvages ou domestiques. Nos promeneurs vont se retrouver aux prises avec une nature déchaînée, en même temps que de multiples tensions commencent à éclater au sein du groupe.
Autant annoncer la couleur de suite : j’ai bien aimé Day of the animals. Certes, la pellicule a pris un coup de vieux, , la bande originale parait aujourd’hui un peu ringarde (alors qu’elle est chouette) et oui, les looks des seventies ajouté à une qualité d’image passable ne font qu’accentuer cet effet du temps qui a passé depuis la réalisation de ce film. Mais c’est pas mal du tout. Vraiment.
Pour commencer, ce qui m’a de suite emballée, c’est qu’en fervente amatrice de bébêtes en tous genres qui se déchaînent, ici j’ai été comblée. Plutôt que de s’attarder sur une seule espèce, ce sont tous les animaux qui s’en donnent à cœur joie : rapaces, canidés de tous bords (loups, coyotes, chiens), pumas, serpents, rats, ours… Vous êtes arrivés au zoo après l’heure de fermeture ? De quoi vous rincer l’œil vous est gentiment proposé dans ce film.
Enfin gentiment…
Plutôt que de nous balancer comme un cheveu sur la soupe des attaques sanguinolentes et dégoulinantes de boyaux et autres entrailles, William Girdler, le réalisateur, préfère rester crédible. Dans Day of the animals, la faune est organisée, a gardé ses techniques de chasses ancestrales (les loups par exemple attaqueront de nuit, une personne un peu isolée du reste du groupe), rusée aussi (les rapaces, plutôt que de contrer douze personnes d’un coup, attendent qu’une blessée soit en position de faiblesse et passent à l’attaque).
Mais n’allez pas croire qu’il ne se passe rien, au contraire.
Dans la première moitié du film, le réalisateur pose son ambiance et présente ses personnages. L’angoisse monte crescendo, le sentiment qu’il se passe quelque chose d’anormal, le fait d’être constamment épié par les rapaces, de premières petites attaques sans gravité, contribuent à installer un climat oppressant et ne nous augure rien de bon quant à la suite des évènements. L’envie annoncée clairement de vouloir nous faire nous attacher un peu à ses personnages plutôt que d’en faire de vulgaires tas de chair à pâté ambulants est louable, aussi. Cela ne fonctionne pas à chaque fois, certains étant trop stéréotypés, agaçants ou juste transparents, mais Girdler n’échoue pas dans son entreprise et un personnage se détache même complètement du reste de la distribution. Alors oui, je suis fan de Leslie Nielsen, mais c’est en toute objectivité que je vous présente le rôle le plus intéressant du film : le détestable monsieur Jenson. Car loin des personnages truculents qui feront sa future renommée, Nielsen incarne ici un homme qui, au départ passe surtout pour le casse-pied de service, râleur, remettant sans cesse en cause l’autorité et les capacités du guide, et qui se révélera dangereux, sombrant peu à peu dans une folie qui, suite aux diverses attaques dont il sera le témoin ou l’objet, le transforme à son tour en bête sauvage. Et si ce trou dans la couche d’ozone n’affectait pas que les animaux ? Je ne vous en dis pas plus, gardons un peu de mystère.
Et c’est dans sa seconde partie que le film sombre vraiment dans un registre horrifique. Le suspense et le climat angoissant sont toujours là, mais on est passé à la vitesse supérieure. Les attaques s'enchaînent à un rythme effréné et certaines, très réussies, fileraient presque les jetons ! (pour ceux qui l’on vu / le verront : l’attaque des chiens sur la cabane, par exemple). Sans sombrer dans la surenchère, on n’a pas le temps de s’ennuyer, et Girdler donne au spectateur ce qu’il est en droit d’attendre dans un film de terreur animale.
Alors tout ça c’est déjà pas mal, et pourtant, j’rajouterai une louange supplémentaire (pour une fois que j’fais dans l’encensement, autant en profiter) : vrais animaux + décors naturels !
Et oui, pas d’images de synthèse (qu’est-ce que ça fait du bien par moment !) de vrais ours, loups, pumas etc… dans de somptueux décors de montagnes, pas des décors de studios, non ! La forêt devient presque un personnage à part entière du film tant l’on sent que le réalisateur s’est plu à sublimer cet écrin en nous offrant de beaux plans.
Ça rajoute en réalisme et le film atteint ainsi son but : faire peur sans sombrer dans le gore grand guignolesque.
Alors pour les amateurs du genre, ça vaut le coup. Ce n’est pas si souvent qu’un film de ce genre s’en sort avec les honneurs et sans être obligé de masquer de second degré un éventuel manque de moyens.
Puis ce n’est pas tous les jours que vous verrez Frank Drebin balançant des « Bitch ! » à tout va en envoyant valser des gosses et saisissant leurs mères geignardes par le collet, ah ça non !