« De l’autre côté » est un film admirable dans le sens où il touche à la perfection. Celle d’un auteur qui, au travers d’un scénario complexe, où les destins s’entrecroisent, où l’approche psychologique est tout sauf mécanique et où l’on est transporté ailleurs que ce qui semble s’amorcer, offre au spectateur un représentation de la vie empreinte d’humanité où l’émotion est de fait, non factice. Sa démarche prend le contre-pied à celle constatée récemment dans des films comme « Babel » entre autre. La mise en scène ici s’impose par sa simplicité, pas d’esbroufe chez Akin, il se veut un témoin privilégié des liens qui unissent bon gré, mal gré l’Allemagne et la Turquie. Il bâtit son récit intelligemment sur le chassé croisé des personnages, il leur offre non seulement une consistance, mais une vraie cohérence et chacun d’eux nous touche et nous émeut. Il se veut critique en même temps, la mort révélant l’injustice de part et d’autre entre les deux peuples, elle est le catalyseur de sentiments aussi forts que la tolérance, la lâcheté, le pardon, le regret ou l’amour. L’amour filial, l’amour de la patrie, l’amour de l’autre que l’on ne connaît pas assez. Il s’appuie également sur des acteurs d’une belle prestance et magnifiques. Baki Davrak, Patrycia Ziolkowska, Yesilcav Olkowsa ou encore Tuncel Kurtiz, Nurscel Koeze sont inouïs de justesse. Quant à Hanna Schygulla que l’on a plaisir à retrouver, elle assure avec fièvre un rôle doublement symbolique de la mère allemande qui garantit la transition entre passé et avenir, et de l’actrice, égérie de Fassbinder entre autre dans les années 70/80, qui porte la nouvelle génération avec panache.