La vie de Brian

Passionnant dans son contenu, enrichi de nombreuses anecdotes distillées par le réalisateur américain, ce documentaire signé Noah Baumbach et Jake Paltrow se révèle décevant dans sa forme, hyper académique.
En effet, on assiste à une longue interview de Brian De Palma, simplement entrecoupée d'extraits de ses propres films ou de ceux qui l'ont inspiré (Hitchcock, Boorman, Scorsese...).

La filmographie de De Palma est abordée chronologiquement, et de façon exhaustive : aucune œuvre n'est laissé de côté, y compris les plus confidentielles, ce qui est appréciable mais réduit encore le temps accordé à chacune.
Autant dire que le docu (sobrement intitulé "De Palma"), ne consacre guère plus de 5 minutes à chacun des long-métrages de cette filmo foisonnante ; en tant que spectateur, on est souvent frustré de ne pas prolonger la "conversation", qui dérive déjà vers le film suivant.

La grande force du film réside dans la richesse et la franchise du propos de Brian De Palma, qui n'hésite pas à aborder les sujets qui fâchent : infidélités paternelles, acteurs ne connaissant pas leur texte, désaccords avec la production, avec la commission de censure, scènes coupées au montage (la fin originelle de "Snake Eyes" vaut le détour)...
On reste en surface certes, mais on sent que le réalisateur se livre sans calcul ; à son âge et après un tel parcours, le vieux lion n'a plus d'intérêts particuliers à préserver, et distribue quelques bons et mauvais points au passage.

On pourra simplement regretter une certaine absence de remise en question, et une tendance à généraliser à partir de son cas (sur certaines méthodes de travail par exemple, ou sur la maturité optimale d'un réalisateur, entre 30 et 60 ans d'après lui) et à simplifier des problèmes complexes (son propos sur les guerres).

Au final, en dépit de sa pauvreté formelle, voilà un document qui intéressera forcément les fans du réalisateur : sans doute pas les amateurs éclairés, qui n'apprendront pas grand chose au cours de ces deux petites heures, mais plutôt la jeune génération, celle qui a vu une poignée de films, et risque de vouloir en découvrir beaucoup d'autres à la vue de ce gigantesque teasing.