Dead End a beau avoir fait la tournée des festivals (dont celui de Gérardmer où il était en compétition en 2003), il n'est finalement jamais sorti au cinéma en France, se contentant du marché vidéo bien des années plus tard. L'aventure avait déjà mal commencé pour les réalisateurs Jean-Baptiste Andrea (qui réalisera ensuite Big nothing et La confrérie des larmes) et Fabrice Canepa (qui n'a plus touché au cinéma depuis), puisqu'ils n'étaient pas parvenu à le tourner en France. Aidé par James Huth (pour qui Andrea signera l'impayable Hellphone), les réalisateurs finissent par le tourner à Los Angeles avec des acteurs américains.
Avant même de partir dans le fantastique pur, Dead End se présente comme un film plutôt amusant avec une famille dysfonctionnelle prête à s'entretuer. La famille ne mettra pas longtemps avant de s'affronter verbalement, évoquant aussi bien des secrets que des rancunes qui ne demandaient qu'à être dites. A cela rajoutez une route qui ne s'arrête pas et ne mène nulle part, amenant les personnages à s'exciter encore davantage qu'ils ne l'étaient déjà.
Le père (Ray Wise) est sarcastique et ne supporte pas l'attitude de son fils (Mick Cain) comme de la famille de sa femme. La mère (Lin Shaye) est conciliante jusqu'au pétage de plomb carabiné. Le fils est sarcastique là où sa sœur est très sérieuse (Alexandra Holden) ; et son copain (William Rosenfeld) ne dira pas grand chose avant de se faire liquider. Car oui dans Dead End, les morts s'accumulent dans un voyage sans fin au contact d'une Dame Blanche (Amber Smith) qui ne fera aucun cadeau, se nourrissant des cris de ses victimes.
Les réalisateurs s'amusent à ne pas montrer les cadavres, se contentant de mettre la caméra en contre-plongée. Ils montrent alors les réactions des personnages, permettant ainsi au spectateur d'avoir une idée de l'horreur face à eux par quelques descriptions. Il n'y a que deux personnages qui auront droit à un peu plus de détails, l'un avec un membre apparent calciné, l'autre avec des blessures insurmontables. En revanche, les réalisateurs annoncent toujours la mort par une voiture noire où le personnage décédé fait signe à la famille à l'arrière de la voiture, puis la voiture de la famille s'arrête avec la sinistre découverte qui va avec.
Le final se révèle malin car il joue avec la perception du spectateur. Est-ce que tout ce que l'on a vu est vrai ou n'est qu'un fragment imaginé par une victime ? Les réalisateurs ne répondent pas clairement, brouillant les pistes à travers divers éléments. Si Mick Cain en fait peut-être trop en amateur de la double-page de Playboy, le trio Ray Wise / Lin Shaye / Alexandra Holden est excellent, leurs personnages passant par différents stades jusqu'à atteindre la folie furieuse pour deux d'entre eux.
Dead End est donc une petite pépite aussi amusante qu'intrigante, doublée d'une boucle infernale orientée autour d'une figure fantastique peu évoquée au cinéma.