Lançant le film une première fois sous un excédent médicamenteux certain, je m’endormis honteusement après quarante minutes d’un cinéma contemplatif exempt de dialogue. Il en faudrait plus pour entraver ma motivation et j’en avais été tellement intrigué que, frais comme une rose, je relançais à nouveau la pellicule dès mon réveil. J’avais encore en tête l’exergue d’un panel de récompenses reçues dans les bourgades les plus reculées et leurs festivals les plus méconnus, et cette affiche étourdissante de beauté me faisait baver d’enthousiasme. Malgré ces minutes emplies de vide, je ne comptai pas être déçu et face à pléthore de travellings, où la moindre tâche et le moindre mouvement humain apparaissaient comme autant de suspense et d’intrigue, face à ces natures mortes de machinerie et de plomberie où rien ne se passait mais où dans le même temps, tout se passait, j’en tombai coi à l’avance, attendant une fin digne de ce nom, digne du commentaire du critique de Transfuge. (Qui reste le bienvenu dans mes messages privés si jamais il venait à lire ces mots, quel est ton carburant mec ?) Je cite : « La plus puissante expérience de SF contemporaine depuis 2001, l’Odyssée de l’Espace. » Un commentaire devant lequel, je pensai que nous n’avions certainement pas vu les deux mêmes films. Cependant, n’importe qui normalement constitué et ayant le maître et son chef-d’œuvre de SF en référence aurait emprunté Dead Slow Ahead à ma place. Sauf que, comme avec majorité de choses, l’excès pouvant tuer, dans le cas présent à l’évidence, trop de subtil tuait le subtil et que l’histoire de cargo (plate forme ?) dérivant, dérivant encore et dérivant toujours ne me resterait vaguement que comme l’expérience visuellement canon d’un documentaire se voulant film. Ou peut-être l’inverse. Au choix.